Section | Un aperçu de la coccidiose

Volaille

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Coccidiose, anticoccidiens, santé humaine et résistance aux antimicrobiens

Beaucoup de maladies touchent l’industrie avicole; cependant, la coccidiose est probablement la plus coûteuse sur une base annuelle. L’impact de cette maladie est principalement dû à des effets subcliniques (impacts sur les oiseaux qui ne présentent pas encore de symptômes et de signes cliniques), effets qui peuvent comprendre une perte de rendement et de productivité1. Les coûts sont attribuables aux éléments suivants :

  • Réduction de l’indice de consommation
  • Diminution de la production d’œufs
  • Incapacité de se développer
  • Traitement
  • Efforts de prévention

Coccidiose et santé humaine

L’une des préoccupations additionnelles liées à la coccidiose est la hausse de la colonisation par Clostridium perfringens, Salmonella typhimurium et Salmonella enteritidis qui survient lorsqu’une infection par les coccidies se produit2,3. Lorsque les oiseaux ingèrent des oocystes de coccidies, des dommages importants et étendus peuvent se produire dans l’intestin. Et lorsque les mécanismes de défense de l’intestin sont affaiblis en raison de l’inflammation, il peut se produire une invasion de bactéries (comme Salmonella) ou une prolifération accrue des bactéries déjà présentes dans l’intestin atteignant des niveaux nuisibles (comme avec Clostridium), causant une diarrhée bactérienne et/ou l’entérite nécrotique. Or, cette situation pourrait également entraîner la transmission de maladies aux humains par la consommation d’œufs et de volaille.

Anticoccidiens et résistance aux antimicrobiens

La coccidiose et la résistance aux antimicrobiens génèrent bien des inquiétudes. En effet, les bactéries développent des moyens de survivre en présence des médicaments (antimicrobiens) conçus pour les détruire. De plus, une utilisation inappropriée, excessive, incomplète ou injustifiée des antimicrobiens peut contribuer au développement et à la propagation de la résistance aux antimicrobiens chez les bactéries. Afin de minimiser la progression de la résistance, qui pourrait nous propulser dans une ère post-antimicrobiens dans laquelle ces médicaments ne seront plus efficaces pour traiter les maladies bactériennes, toutes les personnes qui utilisent des antimicrobiens – les médecins, le public, les producteurs, les vétérinaires – doivent faire leur part en les utilisant de manière appropriée.

Une portion importante des antimicrobiens vendus dans l’industrie avicole est utilisée pour contrôler la coccidiose. Les anticoccidiens sont des additifs alimentaires utilisés pour prévenir la coccidiose (microorganismes) en inhibant ou en détruisant les coccidies. Or, la vaste utilisation de ces produits4 a mené à la résistance aux antimicrobiens, réduisant l’efficacité de ces médicaments. En fait, le développement d’une résistance des coccidies aux onze anticoccidiens a été décrit, suggérant qu’il faut utiliser ces antimicrobiens adéquatement pour maintenir leur efficacité et explorer des solutions de rechange, par exemple des additifs alimentaires non antimicrobiens, la propreté de l’environnement et la vaccination.

Réduction de l’utilisation des antimicrobiens dans l’industrie avicole canadienne

L’industrie avicole canadienne a joué un rôle de premier plan dans le développement de la Stratégie de réduction de l’utilisation d’antimicrobiens :

  • Les phases I et II de la stratégie ont mené à l’élimination de l’utilisation préventive des antimicrobiens de catégorie I (2017) et de catégorie II (2018)
  • L’industrie a également l’intention d’éliminer l’utilisation prophylactique des antimicrobiens de catégorie III, ce qui aura un impact sur l’utilisation de la bacitracine

 

Découvrez comment les médicaments antimicrobiens sont catégorisés :
Catégorisation des médicaments antimicrobiens

Il est important pour les producteurs de comprendre que le retrait volontaire des antimicrobiens de catégorie III (ou des médicaments tels que la bacitracine ou d’autres ayant peu d’importance en santé humaine) ne signifie pas une transition vers un modèle « élevé sans antibiotiques ». Et cela ne signifie pas non plus qu’il sera interdit d’administrer un traitement par antimicrobiens aux oiseaux qui en auront besoin. Cependant, l’utilisation préventive des antimicrobiens peut faire en sorte de réduire le nombre de médicaments qu’il est possible d’utiliser lorsqu’une résistance aux antimicrobiens se développe.

 

Pour un aperçu de la recherche menée au Canada sur la réduction du recours aux antimicrobiens, consultez ce site Web :
Chaire en recherche avicole : réduction des antibiotiques

 

Changements réglementaires

Par le passé, l’utilisation de certains antimicrobiens a contribué à une croissance accrue et plus rapide, particulièrement dans les exploitations de poulets à griller. Toutefois, depuis le 1er décembre 2018, les règlements sur l’utilisation des antimicrobiens ont mis fin à l’utilisation des antimicrobiens à titre de stimulateurs de croissance.

La disponibilité et l’effet des antimicrobiens en ont fait des outils importants pour maintenir une santé optimale au sein du troupeau. Cependant, la dépendance à ces outils a eu des conséquences non intentionnelles, et leur efficacité est maintenant en péril. Il nous faut donc comprendre comment prévenir et contrôler la coccidiose grâce à des pratiques de gestion et à des solutions de rechange aux antimicrobiens, afin de veiller à ce que les troupeaux soient gérables, même en dépendant moins des agents antimicrobiens.

Le site Web Poultry Health Today a créé une ressource vidéo qui présente les leçons qui ont été tirées de l’abandon des traitements généralisés par antimicrobiens et qui explique comment les pratiques de gestion peuvent être ajustées pour améliorer l’immunité et optimiser la production : Life without antibiotics: Field lessons learned the hard way (en anglais).

Les Producteurs de poulet du Canada ont créé une ressource qui présente un aperçu de la résistance aux antimicrobiens et de l’information sur leur stratégie de réduction, laquelle peut être consultée ici. Ils ont également préparé une liste de ressources pour les producteurs et issues du gouvernement qui abordent cet enjeu hautement prioritaire.

Références:

  1. Jordan, B., G. Albanese, and L. Tensa. 2020. Coccidiosis in Chickens (Gallus gallus). Taylor & Francis Group, Boca Raton, FL, USA.
  2. Collier, .T., C.L. Face, A.M. Payne, D.B. Anderson, P. aiser, R.I. Mackie, and H.R. Gaskins. 2008. Coccidia-induced mucogenesis promotes the onset of necrotic enteritis by supporting Clostridium perfringens growth. Vet Immunol Immunopathol. 122:104-115.
  3. Qin, Z., A. Arakawa, E. Baba, T. Fukata, and K. Sasai. 1996. Effect of Eimeria tenalla infection on the production of Salmonella enteritidis-contaminated eggs and susceptibility of laying hens to S. enteritidis infection. Avian Dis. 40:361-367.
  4. Nesse, L.L., A.M. Bakke, T. Eggen, K. Hotel, M. Kaldhusdal, E. Ringo, S.P. Yasdankhah, E.J. Lock, R.E. Olsen, R. Ornsrud, and A. Krogdahl. 2019. The risk of development of antimicrobial resistance with the use of coccidiostats in poultry diets. European Journal of Nutrition and Food Safety. 11:40-43.