Section 4 | Stratégies de prévention de la coccidiose

Volaille

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Environnements en santé = oiseaux en santé

Il n’est pas raisonnable de penser pouvoir éradiquer Eimeria des poulaillers. Ainsi, les pratiques de gestion doivent avoir pour objectif de réduire le nombre de parasites Eimeria auxquels les oiseaux sont exposés et de maximiser l’immunité et la fonction immunitaire de votre troupeau de façon à ne pas submerger le système immunitaire des oiseaux (gardez en tête la triade épidémiologique formée de l’hôte, de l’agent pathogène et de l’environnement).

Le processus qui rend les coccidies infectieuses dépend de ce qui suit :

Une température adéquate

  • Une température initiale plus élevée lors du placement des oiseaux dans le poulailler peut réduire le risque de trouver des lésions intestinales associées aux coccidies1 lors de l’examen post mortem.

La présence d’humidité

  • Une litière humide accélère la sporulation des coccidies, entraînant une plus grande prolifération. Le taux d’humidité dans la litière devrait être de 50 à 55 %, selon si de la paille ou des copeaux sont utilisés.
  • Des stratégies visant à réduire le taux d’humidité dans la litière et à maintenir des conditions environnementales optimales sont essentielles pour prévenir l’accumulation des coccidies. De plus, une ventilation adéquate et des systèmes d’approvisionnement en eau qui ne fuient pas sont importants pour empêcher que la litière ne devienne humide et pour ainsi réduire la capacité de survie des coccidies (et des bactéries!) dans l’environnement.
  • L’humidité est également un élément important du développement d’Eimeria, ce qui explique pourquoi il est essentiel de gérer la ventilation.
    • L’humidité relative doit être maintenue entre 35 et 70 %.

L’accès à l’oxygène

  • Limiter l’accès à l’oxygène par l’accumulation et le compactage de la litière préviendra également le développement des coccidies.
  • La prolifération des oocystes semble plus importante en hiver, lorsque la ventilation est réduite dans la plupart des poulaillers de poulets à griller en raison des températures froides à l’extérieur.

 

Pour de l’information sur le placement et l’élevage de poussins en santé dès leur arrivée, consultez cette excellente ressource créée par la Dre Martine Bouilianne et son équipe de chercheurs de l’Université de Montréal :
Poussin Podium
Disponible en français et en anglais

 

Demandez à un expert :

Les chercheurs canadiens du secteur avicole insistent sur l’importance du rôle de l’environnement dans le développement du microbiote intestinal des oiseaux dès leur placement. Le microbiote intestinal évolue en fonction de facteurs liés à la propreté et à la condition de l’environnement, et aux conditions dans le couvoir, et il pourrait être hérité. De plus, bien que les producteurs n’aient pas nécessairement un rôle à jouer à tous les stades de la croissance et du développement des oiseaux, veiller à maintenir un environnement propre, bien ventilé, chaud et sec peut avoir un impact considérable sur l’établissement et le maintien de la santé intestinale. Et une bonne santé intestinale peut en retour avoir un impact sur le développement de la coccidiose et de l’entérite nécrotique!

Litière

Il a été démontré qu’une litière plus abondante et plus profonde est associée à un plus grand nombre de lésions intestinales dues à la coccidiose. De plus, il est recommandé de remplacer la litière entre les troupeaux de volaille pour réduire le nombre d’oocystes dans l’environnement1. Cette pratique préviendra l’exposition des nouveaux jeunes oiseaux aux pathogènes des oiseaux précédents, lesquels pourraient avoir eu une meilleure immunité ou capacité à gérer l’exposition.

 

Biosécurité : revenir à l’essentiel

Les mesures de biosécurité qui limitent l’accès des humains aux installations où sont logées des volailles sont une autre importante considération, et ces mesures devraient être rigoureusement appliquées dans toutes les exploitations. Les coccidies sont des parasites très résistants et peuvent demeurer dans l’environnement pendant jusqu’à deux ans lorsque les bonnes conditions sont réunies. Il faut donc veiller à ce que le personnel qui entre dans le poulailler respecte les mesures suivantes :

 

  • Porter des bottes et des survêtements propres
  • Utiliser l’équipement réservé pour le poulailler
  • Nettoyer l’équipement entre les utilisations et entre les troupeaux

 

Le respect de ces mesures contribuera à réduire la propagation des oocystes de coccidies et à prévenir l’infection chez les oiseaux. Consultez la page de l’équipe GAMAE intitulée Améliorer la biosécurité à la ferme pour de plus amples renseignements.

 

En plus des facteurs mentionnés ci-dessus, de bonnes pratiques générales dans le poulailler aideront à contrôler la coccidiose et à l’empêcher d’avoir un impact sur votre troupeau :

Nettoyez et désinfectez

  • Nettoyez et désinfectez l’équipement et le logement, particulièrement entre les troupeaux d’oiseaux. Plus de recherches sont requises pour établir quels désinfectants sont capables de réduire le fardeau de la coccidiose. Cependant, des essais en laboratoire ont montré que des désinfectants offerts sur le marché sont capables de détruire les coccidies2.

Inspectez les antichambres

  • Assurez la propreté des pièces situées entre les zones où sont logés les animaux. Si les zones où les bottes, les survêtements et l’équipement sont conservés ne sont pas propres, des bactéries et d’autres pathogènes se propageront à d’autres secteurs du poulailler.

 

Demandez à un expert :

Un expert canadien du secteur avicole a suggéré la stratégie suivante pour assurer le respect des règles entourant le non-partage de l’équipement et des vêtements entre les poulaillers : pour chaque poulailler ou zone du poulailler, fournir et identifier des bottes de différentes couleurs (et identifier les survêtements et l’équipement au moyen de ruban de différentes couleurs, etc.). Il sera ainsi très facile de repérer les personnes qui ne respectent pas les règles!

Veillez à ce que tous les gens qui entrent dans le poulailler respectent les mesures de biosécurité. Tout relâchement en matière de biosécurité peut avoir des conséquences dévastatrices!

 

Revoyez votre préparation pour le prochain troupeau

  • Prévoir une période plus longue entre les troupeaux et permettre au poulailler de sécher complètement réduira le nombre d’oocystes de coccidies vivants capables d’infecter les nouveaux poussins.

Démarrez vos poussins du bon pied

  • S’assurer que les aliments et l’eau sont facilement accessibles lors du placement des poussins et que la température, la ventilation, l’éclairage et la qualité des aliments et de l’eau sont adéquats peut vraiment aider les oiseaux à résister à cette maladie.

Contrôlez les rongeurs

  • Les rongeurs peuvent être d’importants réservoirs de bactéries et de maladies. Veillez à ce qu’ils restent à l’extérieur autant que possible, et n’entreposez pas le fumier à moins d’environ 120 mètres (400 pieds) du poulailler.

 

Demandez à un expert :

Certains indicateurs de rendement clés ciblés par un nutritionniste et des vétérinaires sont entre autres une surveillance étroite des troupeaux et le souci du détail. Il s’agit notamment de surveiller la consommation d’aliments et d’eau du troupeau, de vérifier quotidiennement l’humidité et la température dans le poulailler, de gérer les hausses de mortalité marquées (particulièrement lorsque les animaux ont entre 18 et 23 jours) et d’effectuer des examens post mortem pour identifier la cause de la maladie. Lorsque des antimicrobiens ne sont pas utilisés à titre préventif, les producteurs doivent maîtriser pleinement la situation. En effet, il ne nous est plus possible d’utiliser les antimicrobiens comme béquille pour pallier une gestion du poulailler insuffisante ou inadéquate. Avec une bonne gestion, le retrait des antimicrobiens de catégorie III ne sera pas un obstacle insurmontable pour l’industrie.

Les aspects clés de la surveillance des troupeaux pourraient inclure ce qui suit :

Démarrage

  • Calculez les aliments et planifiez 65 g de moulée par poussin placé.
  • Vérifiez le jabot des oiseaux 24 heures après le placement; 95 % des oiseaux devraient avoir de la nourriture dans le jabot.
  • Vérifiez la température cloacale d’un groupe d’oiseaux; elle devrait idéalement se situer entre 40,0 et 40,7 °C.

Logement et ventilation

  • Vérifiez la température, l’humidité et la propreté de la litière chaque jour. Vous devriez viser une température de 32 à 34 °C, et le poulailler devrait être réchauffé 2 à 3 jours avant le placement des poussins.
  • Ajustez la ventilation pour maintenir une humidité de 70 %.

Contrôle des coccidies

  • Suivez un protocole pour les anticoccidiens mis au point par votre vétérinaire. Ce processus contribuera aussi à contrôler l’entérite nécrotique!

 

Consultez les ressources vidéo des Producteurs de poulet du Canada sur la gestion du démarrage pour les poulets à griller. Ces vidéos traitent de la vérification de la température, du placement des poussins et de l’éclairage :



Rien ne remplace une bonne gestion

Nous savons que la vaccination et l’administration de médicaments anticoccidiens sont la clé pour assurer la santé et le succès de votre troupeau, mais ils ne peuvent pas remplacer une bonne gestion. La vérification de la propreté du poulailler, du bon fonctionnement des abreuvoirs et des mangeoires, et de l’exposition des oiseaux au fumier et aux oocystes constitue d’ailleurs le strict minimum. Bien entendu, les solutions diffèrent d’une ferme à l’autre, et au final, c’est une combinaison de pratiques de gestion qui assurera le succès.

 

Demandez à un expert :

Ne raccourcissez pas la période de vide sanitaire! Les experts canadiens du secteur avicole ne pourraient insister assez sur l’importance de maintenir une bonne période de vide sanitaire entre les troupeaux. D’ailleurs, les États-Unis obtiennent de bons rendements avec une période de trois semaines entre les troupeaux. La réduction de la période de vide sanitaire pourrait vous permettre de produire quelques oiseaux de plus par année, mais à quel prix? Réduire le temps entre les troupeaux peut annuler les avantages associés à la production d’un plus grand nombre d’oiseaux en entraînant des pertes de rendement, des coûts liés aux traitements, et des frais de vétérinaires. En effet, exposer les poussins aux oocystes et à d’autres pathogènes ne ferait que les désavantager dès le départ. De plus, avec une période de croissance si courte, il est très difficile de surmonter les problèmes s’ils surviennent.

 

Consultez cette ressource des Producteurs de poulet du Canada sur la réduction de la coccidiose comme moyen de réduction de l’incidence de l’entérite nécrotique : Le bon contrôle de la coccidiose et la bonne gestion de la litière sont des aspects clés pour prévenir l’entérite nécrotique chez les poulets à griller élevés sans antibiotiques. Pour une autre excellente ressource sur la gestion environnementale présentant des conseils pratiques, consultez la page suivante : Les producteurs doivent mettre l’accent sur les oocystes de Eimeria.

L’équipe GAMAE a également émis des recommandations relativement aux meilleures pratiques de gestion dans la revue GAMAE sur l’antibiogouvernance, plus précisément dans la page intitulée Éléments clés des techniques d’élevage.

Références

  1. Henken, A.M., J.O. Goelema, F. Neijenhuis, M.H. Vertommen, J. Van Den Bos, and C. Fris. 1992. Multivariate epidemiological approach to coccidiosis in broilers. Poultry Science. 71:1849-1856.
  2. Williams, R.B. 1997. Laboratory tests of phenolic disinfectants as oocysticides against the chick coccidium Eimeria tenella. Vet Rec. 141:447-448.