Section 2 | Traitement sélectif des vaches taries

Industrie laitiere
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Comment savoir quelles vaches sont infectées?

Récemment, les chercheurs se sont attelés à trouver la meilleure façon de mettre en œuvre le traitement sélectif des vaches taries à la ferme. La question la plus importante est la suivante : quels animaux faut-il traiter avec des antimicrobiens? L’accent a été mis sur la recherche de la meilleure méthode de détection pour diagnostiquer l’infection au tarissement. Rappelons que les quartiers peuvent avoir une infection clinique ou subclinique. L’objectif du traitement sélectif consiste à déceler les vaches infectées et à ne traiter que ces vaches avec des antimicrobiens à action prolongée pour vache tarie.

 

Cultures à la ferme

Des recherches canadiennes récentes ont évalué le recours aux cultures à la ferme pour détecter les cas de mammite existants au moment du tarissement1, 2. Les troupeaux de cette étude avaient un CCS du réservoir à lait inférieur à 250 000 cellules/mL.

 

Pour être admissibles à l’étude, les vaches devaient satisfaire aux critères suivants :

  • Au moins trois quartiers fonctionnels
  • AUCUNE mammite clinique au cours des 3 derniers mois
  • Un CCS inférieur à 200 000 cellules/mL au cours des 3 dernières analyses de contrôle laitier
  • AUCUN traitement antimicrobien dans les 14 jours précédents

 

Les vaches qui ne pouvaient pas répondre à tous ces critères étaient automatiquement traitées avec des médicaments antimicrobiens à action prolongée et un scellant interne à trayon. Si une vache se qualifiait pour l’étude, elle était affectée à son groupe de traitement au hasard (figure ci-dessous).

 

Figure : Schéma d’affectation des traitements de l’étude sur le traitement sélectif des vaches taries utilisant les cultures exécutées à la ferme comme technique de dépistage2.

En bref, les vaches qui se sont qualifiées pour l’étude ont été randomisées soit dans le groupe de traitement sélectif ou dans le groupe de traitement universel, où tous les quartiers de toutes les vaches ont reçu à la fois un traitement antimicrobien pour vache tarie et un scellant interne à trayon. Les vaches qui faisaient partie du groupe de traitement sélectif ont vu leur lait recueilli de façon aseptique dans un flacon d’échantillonnage. Ce lait a ensuite été mis en culture à la ferme. Les vaches dont le lait affichait une croissance bactérienne ont été traitées avec des antimicrobiens, alors que les vaches dont le lait n’affichait aucune croissance bactérienne n’ont reçu qu’un scellant interne à trayon dans chaque quartier.

 

Qu’ont-ils trouvé?

En comparant le traitement sélectif au traitement universel, les chercheurs ont fait les constats suivants :

  • Aucune différence dans la mammite clinique au vêlage
  • Aucune différence dans la mammite clinique dans les 120 premiers jours en lait (JEL)
  • Aucune différence de production de lait durant la lactation suivante
  • Aucune différence du CCS durant la lactation suivante

 

Cette étude appuie l’argument selon lequel les vaches qui n’ont pas d’infection bactérienne au pis n’ont pas besoin d’un traitement antimicrobien au tarissement. De plus, l’étude a permis de constater une réduction d’environ 25 % de la quantité d’antimicrobiens utilisés au tarissement. Cette réduction est essentielle à une bonne gestion des antimicrobiens. L’élimination de l’utilisation inutile d’antimicrobiens permet également de réaliser des économies. En supposant un coût de 20 $ par vache pour le traitement antimicrobien des vaches taries, un producteur qui traite normalement 100 vaches par année au tarissement traiterait 25 vaches de moins et économiserait 500 $ en cours de route.

 

Un autre algorithme à la ferme

Une des faiblesses de l’étude ci-dessus est que de nombreuses fermes ne peuvent pas toujours mettre en œuvre un programme de cultures à la ferme au moment du tarissement. Pour cette raison, les chercheurs ont essayé de trouver d’autres critères de décision à utiliser lors de la sélection des vaches à traiter au tarissement. Plus précisément, les chercheurs se sont concentrés sur l’utilisation du CCS comme moyen d’identifier les vaches à faible risque – des vaches qui ne sont probablement pas infectées et qui, par conséquent, n’ont pas besoin d’antimicrobien au tarissement3. L’étude a été menée dans une grande ferme laitière de l’État de New York qui trayait 1 800 vaches avec un CCS moyen de 200 000 cellules/mL.

 

Pour être classées comme à faible risque, les vaches devaient répondre aux critères suivants :

  • CCS moyen sur les 3 dernières analyses précédant le tarissement de <200 000 cellules/mL
  • CCS de <200 000 cellules/mL lors de la dernière analyse
  • Pas plus d’un épisode de mammite clinique durant la lactation actuelle

 

Les vaches à risque élevé étaient les animaux qui ne pouvaient pas satisfaire à tous les critères énoncés ci-dessus. Toutes les vaches à risque élevé ont reçu un traitement antimicrobien pour vache tarie et un scellant interne à trayon dans les quatre quartiers.

Les vaches à faible risque ont reçu au hasard des antimicrobiens intramammaires pour vache tarie et un scellant interne à trayon dans les quatre quartiers OU seulement un scellant interne à trayon. Dans l’ensemble, il y avait environ 300 vaches dans chaque bras du groupe à faible risque.

 

Qu’ont-ils trouvé?

Dans l’ensemble, 64 % des vaches répondaient aux critères de la définition de faible risque.

 

Dans le groupe à faible risque, les chercheurs ont comparé les vaches traitées avec des antimicrobiens intramammaires et un scellant interne à trayon à celles traitées seulement avec un scellant interne à trayon et ont fait les constats suivants :

  • Aucune différence dans le risque de mammite clinique
  • Aucune différence dans la production de lait
  • Aucune différence dans le CCS
  • Aucune différence dans la réforme

 

L’utilisation de cet algorithme de traitement au tarissement a entraîné une réduction de 60 % de l’utilisation des antimicrobiens sans différence décelable sur le plan de la santé ou de la production.

Références

  1. Cameron M., Keefe G.P., Roy J.P., Stryhn H., Dohoo I.R., McKenna S.L. Evaluation of selective dry cow treatment following on-farm culture: Milk yield and somatic cell count in the subsequent lactation. J. Dairy Sci. [Internet]. 2015;98(4):2427-36.
  2. Cameron M., McKenna S.L., MacDonald K.A., Dohoo I.R., Roy J.P., Keefe G.P. Evaluation of selective dry cow treatment following on-farm culture: risk of post-calving intramammary infection and clinical mastitis in the subsequent lactation. J. Dairy Sci. 2013/11/05. 2014;97(1):270-84.
  3. Vasquez A.K., Nydam D.V., Foditsch C., Wieland M., Lynch R., Eicker S., et al. Use of a culture-independent on-farm algorithm to guide the use of selective dry-cow antibiotic therapy. J. Dairy Sci. 2018;101(6):5345-61.
  4. Rabiee A.R., Lean I.J. The effect of internal teat sealant products (Teatseal and Orbeseal) on intramammary infection, clinical mastitis, and somatic cell counts in lactating dairy cows: a meta-analysis. J. Dairy Sci. 2013/09/24. 2013;96(11):6915-31.