Section 3 | Le complexe respiratoire porcin (CRP)

Industrie porcine

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Prévention du CRP

Étant donné la nature multifactorielle de la maladie, la prévention du complexe respiratoire porcin (CRP) peut sembler être une tâche difficile. Vous devez considérer le troupeau dans son ensemble et vous concentrer sur tous les facteurs de risque connus présents dans votre troupeau.

 

Connaître son troupeau

La première étape pour prévenir le CRP dans votre troupeau consiste à bien comprendre les facteurs de risque et les pressions pathogènes auxquelles vos animaux sont confrontés. Pour ce faire, il est très utile d’adopter une approche d’équipe en matière de santé du troupeau. Toutes les personnes concernées par la santé et la productivité du troupeau devraient être mises à contribution : le personnel chargé des soins aux animaux, la direction de l’exploitation, les techniciens de santé animale, le vétérinaire du troupeau, votre nutritionniste. Non seulement vous réunissez un bagage de connaissances spécialisées, mais vous apportez également des perspectives différentes sur les questions de santé et de productivité du troupeau.

 

Par exemple :

  • Les techniciens chargés des soins aux animaux sont des experts quant aux défis sanitaires quotidiens du troupeau. Ils apportent également un point de vue précieux sur l’adaptation de toute recommandation au mode unique de gestion du troupeau
  • Les membres de l’équipe de gestion de la ferme doivent avoir une bonne compréhension des impacts de la santé et des maladies sur le troupeau dans son ensemble. Ils ajoutent une perspective à l’image plus large de l’économie du troupeau et sont les responsables chargés de mettre en œuvre les recommandations en matière de santé
  • Le vétérinaire du troupeau a une formation avancée en épidémiologie, en médecine préventive, en pathologie et en immunologie. Il travaille également avec divers producteurs et dispose de la perspective et de l’expérience de la mise en œuvre des recommandations sanitaires dans divers scénarios de troupeaux
  • Les nutritionnistes sont des experts de l’évaluation des aliments pour animaux et de la formulation des rations. Comme les vétérinaires, ils ont aussi la perspective de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas dans une variété de troupeaux

 

L’évaluation du risque

Il est important de tenir d’excellents registres de santé et de production pour votre troupeau. Ces registres aideront vos conseillers en élevage à comprendre les problèmes de maladies auxquels vos animaux sont confrontés. Il devient plus facile de comprendre « Qui, quoi, quand, où et pourquoi » lorsque vos registres sont précis. De bons registres vous aident à fixer des objectifs d’amélioration et à mesurer l’impact de tout changement de gestion que vous apportez à la ferme.

 

Examiner et constater

Pour évaluer le risque de CRP à la ferme, vos conseillers doivent avoir une connaissance approfondie de votre exploitation – gestion, conditions environnementales, pratiques de biosécurité, protocoles de nettoyage, densité d’élevage, circulation des animaux, etc. Cette connaissance ne s’acquiert que par des visites de routine du troupeau et un sens aigu du détail. Votre vétérinaire peut évaluer les animaux cliniquement malades, poser le diagnostic qui s’impose et recommander le traitement approprié. Votre nutritionniste peut évaluer l’impact des rations sur la croissance et la productivité.

 

Procéder à toutes les analyses voulues

Il est impossible de savoir quels sont les agents pathogènes qui causent des problèmes dans votre exploitation, à moins de procéder régulièrement à des autopsies et à des analyses de laboratoire. L’état de santé des animaux de votre ferme peut changer au fil du temps, d’où l’importance de surveiller régulièrement le profil des agents pathogènes. De cette façon, il n’y a pas de surprises et vous avez une meilleure compréhension de votre profil de maladie. Grâce à ces données, vous pouvez adapter les pratiques de prévention pour vous concentrer sur des maladies spécifiques (par exemple, vaccins, changements au mode de gestion, protocoles de traitement, etc.)

Pratiques préventives contre le CRP

Maintenant que vous avez consacré des efforts à la compréhension du CRP dans votre exploitation, vous pouvez vous concentrer sur les pratiques de gestion visant à réduire les risques. Il n’est peut-être pas possible d’éliminer complètement le CRP, mais vous pouvez certainement réduire le risque.

 

La biosécurité

Toute discussion sur la prévention des maladies dans votre troupeau doit toujours commencer par le déploiement de pratiques exemplaires de biosécurité. La partie consacrée à la biosécurité dans cette revue GAMAE présente quelques principes clés concernant la prévention de l’introduction et de la propagation des maladies infectieuses dans votre troupeau.

 

Ventilation et maladies respiratoires

Plusieurs raisons expliquent pourquoi une excellente ventilation joue un rôle majeur dans la santé des porcs.

 

Une ventilation optimale présente plusieurs avantages :

  • Réduction du stress thermique par temps chaud
  • Réduction du taux d’humidité dans la grange
  • Approvisionnement constant en air pur
  • Réduction des bactéries et des virus en suspension dans l’air, des gaz nocifs et des particules qui peuvent contribuer au CRP
  • Amélioration du confort des animaux et réduction du stress, minimisant ainsi les effets néfastes sur le système immunitaire

 

Il existe de nombreuses ressources sur Internet proposant d’excellentes directives sur la façon de construire, de faire fonctionner et d’entretenir le système de ventilation de votre exploitation :

Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario (MAAAR) : Qualité de l’air pour les animaux d’élevage

  • De bons renseignements de base sur les différentes substances qui peuvent affecter la qualité de l’air et la santé animale dans l’étable

MAAAR : How to Avoid Production Losses in Swine Due to Heat Stress (en anglais)

  • Un excellent aperçu des aspects importants du stress thermique chez le porc et des conseils pratiques sur la façon de le combattre avec la ventilation

The Pig Site – Ventilation (en anglais)

  • Un aperçu de haut niveau du contrôle de la température par la ventilation, ainsi que quelques recommandations pour l’entretien du système

London Swine Conference, 2009 – Harry Huffman (Huffman Engineering)

  • Examen de quelques erreurs de ventilation courantes dans les élevages porcins

Michigan State University – Types of Barn Ventilation Systems (en anglais)

  • Aperçu des différents types de systèmes de ventilation pouvant être utilisés en production porcine

Iowa State Extension – Mechanical Ventilation Design Worksheet for Swine Housing (en anglais)

  • Taux de ventilation recommandés en fonction de la saison et du stade de production, ainsi que des calculs importants concernant la taille et le nombre de ventilateurs, etc.

Tout-plein/tout-vide

Une des pratiques de gestion les plus efficaces pour réduire les maladies dans votre troupeau pourrait être l’adoption du système tout-plein/tout-vide. Bien que la question soit abordée dans le module de biosécurité, il faut souligner l’importance de s’assurer que le cycle de transmission des maladies soit rompu grâce au tout-plein/tout-vide. En privilégiant la gestion des porcs comme étant des groupes d’individus similaires – âge, poids, stade de production, état – vous ne les mélangez pas aussi souvent. Chaque fois que vous mélangez des porcs, en particulier des porcs d’âges différents, vous risquez de les exposer à des agents pathogènes infectieux qu’ils n’ont jamais vus auparavant (et contre lesquels ils ne sont donc pas immunisés). Cela pourrait provoquer des maladies tant chez les porcs mélangés et dans le groupe qui reçoit les porcs.

Le site anglais The Pig Site est une excellente ressource sur la façon dont vous pouvez appliquer le mode de gestion tout-plein/tout-vide à la ferme.

 

Voici quelques-uns des avantages d’un tel mode d’élevage :

  • Réduction de la maladie
  • Meilleures performances
  • Tenue de dossiers plus facile
  • Amélioration du contrôle de l’environnement

 

Accent sur la densité d’élevage

La densité d’élevage peut avoir un impact important sur le CRP dans votre troupeau pour plusieurs raisons.

Davantage de porcs au pied carré = davantage de lisier au pied carré

  • Une concentration plus élevée de lisier risque d’entraîner une augmentation des gaz nocifs qui peuvent irriter le système respiratoire et prédisposer les animaux aux maladies respiratoires
  • Une ventilation adéquate peut aider à éliminer ces gaz nocifs, mais si les concentrations sont trop élevées, les systèmes peuvent être surchargés

 

Davantage de contacts entre animaux

  • La transmission des maladies dépend de la fréquence des contacts d’une durée adéquate entre les individus sensibles d’une population
  • Plus il y a de porcs dans un espace donné, plus ils auront de contacts, ce qui facilitera la propagation des maladies

 

Densité d’élevage plus élevée = plus de concurrence pour les ressources

  • Une densité d’élevage trop élevée exacerbe la différence entre les forts et les faibles
  • La concurrence pour la nourriture et l’eau sera plus forte, faisant en sorte que les porcs les plus dominants obtiendront une part disproportionnée des ressources
  • Davantage d’interactions antagonistes vont entraîner des blessures et une baisse de la production au niveau du groupe
  • Une concurrence accrue est également très stressante et, comme on le sait, le stress peut inhiber le système immunitaire et accroître la susceptibilité aux maladies. Il peut également diminuer l’efficacité de la réponse immunitaire à la vaccination

 

Au plan de la densité d’élevage, le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des porcs prévoit les exigences suivantes :

Pour les truies :

« Toutes les truies logées collectivement doivent être en mesure de se tenir debout, de se déplacer et de se coucher sans se nuire mutuellement d’une manière qui pourrait compromettre leur bien-être; par ailleurs, les zones réservées à la défécation doivent être séparées de celles qui sont utilisées pour le repos et l’alimentation. »

 

Pour les porcelets sevrés et les porcs en croissance-finition :

Les porcs doivent être logés dans un espace équivalent à k supérieur ou égal à 0,0335. (La superficie requise est exprimée à l’aide de la constante k, qui multipliée par le poids vif du porc (kg)0,667, donne une surface de plancher en m2. La valeur optimale de k peut changer selon la température, le type de surface de plancher et la taille des groupes. Lorsqu’on doit diminuer à court terme l’espace alloué au porc à la fin de la phase de production :

  • une diminution allant jusqu’à 15 % pour les porcelets en pouponnière et jusqu’à 10 % pour les porcs en croissance-finition est permise
  • une diminution allant jusqu’à 20 % pour les porcelets en pouponnière et jusqu’à 15 % pour les porcs en croissance-finition est permise, uniquement s’il est prouvé que des densités plus élevées ne compromettent pas le bien-être des animaux, en se fiant sur le gain de poids moyen quotidien, le taux de mortalité et de morbidité ainsi que les registres de traitement, de même que sur l’absence ou la non-augmentation de comportements indésirables comme les morsures de queue.

 

Pour plus de précision, des exigences spécifiques en matière d’espace d’espace sont définies dans l’Annexe du Code, qui tiennent compte de la taille, du sexe et du stade de production de l’animal.

 

Maintenir une température et une humidité constantes

Surveillez la température et le taux d’humidité de l’étable. Des variations importantes de l’un ou l’autre de ces paramètres peuvent être stressantes pour les porcs, et ce stress peut compromettre leur système immunitaire et augmenter le risque de CRP. La section 1.4 du Code de pratiques pour le soin et la manipulation des porcs définit les plages de température optimales aux différentes étapes de la production porcine. Surveiller et s’assurer que la température demeure constante sont des éléments essentiels pour produire des porcs sains et moins stressés.

 

Un programme de vaccination efficace

La vaccination est l’une des composantes les plus importantes d’une stratégie efficace de prévention du CRP. Tous les autres éléments peuvent être en place – une bonne ventilation, une densité d’élevage optimale, un système tout-plein/tout-vide, une biosécurité incontournable – mais si nous avons un troupeau d’animaux naïfs (des animaux sans immunité à des maladies spécifiques), nous laissons la porte grande ouverte à une épidémie potentiellement grave. Bien qu’elle ne soit pas la solution pour prévenir 100 % des maladies auxquelles votre troupeau pourrait être confronté, la vaccination constitue une assurance. Si la maladie frappe une population d’animaux, si ceux-ci ont été correctement vaccinés, la maladie est normalement moins grave, de plus courte durée, et touche une plus faible proportion de la population.

 

Il existe une grande variété de produits disponibles pour la prévention des infections bactériennes et virales associées au CRP. Ces produits se distinguent par les agents pathogènes qu’ils contiennent, qu’ils soient tués ou modifiés vivants (pour de plus amples renseignements, consultez la section Stratégies de vaccination et immunité du troupeau de la revue GAMAE sur le bœuf), leurs recommandations de stockage et d’utilisation, etc. Votre vétérinaire demeure l’expert en la matière et peut vous aider à décider quel produit convient le mieux à votre exploitation, ainsi que la manière dont ce produit devrait être utilisé. La version canadienne du Compendium des produits vétérinaires contient une carte biologique du porc qui présente les divers produits pouvant aider à la prévention de certaines des bactéries et des virus responsables du CRP.

 

Voici les agents pathogènes responsables du CRP qui devraient être pris en compte dans tout programme de vaccination des troupeaux :

  1. Le virus du syndrome reproducteur et respiratoire porcin (SRRP)
  2. Circovirus porcin 2 (CVP2)
  3. Virus de la grippe porcine (VGP)
  4. Mycoplasma hyopneumoniae

 

Interaction pathogène-pathogène et vaccin-pathogène

Un principe important à comprendre lors de la mise en œuvre d’un protocole de vaccination est celui des interactions potentielles entre les agents pathogènes et les vaccins. Il est essentiel que vous compreniez les pressions exercées par les agents pathogènes sur votre exploitation afin de pouvoir élaborer le protocole de vaccination qui assurera à vos animaux la meilleure protection possible.

Le circovirus 2 du porc (CVP2), le virus du syndrome reproductif et respiratoire porcin (SRRP) et Mycoplasma hyopneumoniae (Mhyo) sont d’importants micro-organismes associés au CRP. Ces différents agents peuvent interagir de manière surprenante et synergique, de sorte que la co-infection peut aggraver le tableau clinique par rapport à l’infection par chaque agent pathogène seul1.

Votre vétérinaire peut vous aider à concevoir un protocole de vaccination fondé sur des données scientifiques, en fonction du risque et du profil pathogène de votre troupeau

Nutrition du troupeau

La lutte contre les agents pathogènes est une tâche énergétiquement coûteuse pour les porcs (ou tout autre animal d’ailleurs). C’est pourquoi il est d’une importance vitale de fournir une alimentation équilibrée, adaptée au stade de production et aux conditions environnementales de vos animaux. Une alimentation formulée correctement peut également aider les porcs à se remettre d’une maladie, si elle devait survenir. De plus, il est aussi important que tous vos animaux puissent accéder à cette ration et la consommer sans avoir à subir de concurrence ni de stress excessifs.

Votre nutritionniste est là pour s’assurer que votre ration est bien équilibrée et qu’elle est adaptée aux besoins de votre troupeau.

 

Surveillance de la maladie et tenue de dossiers

La surveillance et la tenue de dossiers relativement au niveau de la maladie dans votre troupeau est également une composante importante de tout programme de contrôle du CRP. L’évaluation de routine des dossiers avec vos conseillers permettra de découvrir plus rapidement tout changement dans l’état de santé de votre troupeau. De plus, comme votre vétérinaire ou d’autres conseillers ne peuvent pas visiter votre ferme au quotidien, des dossiers précis permettent d’avoir un aperçu de la santé et du bien-être des animaux de votre troupeau au fil du temps. Des registres précis vous permettent également de déterminer les effets de tout changement dans la gestion que vous avez effectué.

Le site anglais The Pig Site a une excellente ressource qui explique les objectifs de l’utilisation des dossiers en production porcine.

 

 

We sat down with Travis Jansen, a producer and researcher based in Seaforth,Ontario. Travis discusses his research on the economics of antimicrobial use with respect to Lawsonia intracellularis in swine production, as well as his involvement with the Ontario Pork Industry Council benchmarking project, looking at producer purchasing and use practices spanning several years

 

Référence

  1. Chae, C. 2016. Porcine respiratory disease complex: Interaction of vaccination and porcine circovirus type 2, porcine reproductive and respiratory syndrome virus, and Mycoplasma hyopneumoniae. Vet. J. 212:1–6. doi:10.1016/j.tvjl.2015.10.030.