Section 3 | Le complexe respiratoire bovin dans les parcs d’engraissement

L’industrie du boeuf
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Prévenir le complexe respiratoire bovin

Les veaux qui sont atteints du CRB n’afficheront pas les mêmes gains de poids que leurs compagnons de troupeau en bonne santé. Par conséquent, prévenir le CRB en mettant en œuvre des stratégies de gestion et de vaccination demeure l’approche préférée pour maîtriser cette maladie. La plupart des cas de CRB surviennent dans les 21 premiers jours suivant l’arrivée dans les parcs d’engraissement ou les installations d’élevage. Donc, la façon dont les animaux sont achetés et pris en charge initialement peut avoir un impact significatif sur les cas de CRB.

Pratiques d’achat

La stratégie d’achat utilisée pour les animaux faisant leur entrée au parc d’engraissement peut avoir un impact de taille sur l’incidence de CRB.

Il y a plusieurs facteurs précis à prendre en compte lors de l’achat de veaux :

Le poids à l’arrivée;

  • Les veaux plus lourds à leur arrivée ont un risque moins élevé d’avoir une maladie respiratoire. Le poids est souvent un indicateur de l’âge – les veaux plus lourds ont tendance à être plus âgés. Les animaux plus jeunes sont plus sensibles aux pathogènes puisqu’ils ont une immunisation moins forte, qu’ils subissent davantage de stress durant le transport et qu’ils peuvent avoir une moins bonne réaction au traitement.

 

Le sevrage;

  • Les veaux qui sont sevrés 45 jours à la ferme d’origine avant de faire leur entrée dans un parc d’engraissement ont un plus faible risque de maladie23 . Ces veaux se sont adaptés à ne plus être avec leur mère avant de subir les grands facteurs de stress comme le transport, le mélange avec les autres animaux et l’arrivée au parc d’engraissement. Un moins grand stress leur permet de mieux se défendre contre la maladie.

 

L’accoutumance aux mangeoires;

  • On parle ici de veaux à qui on a servi des grains dans une mangeoire avant d’être envoyés au parc d’engraissement. Les veaux qui ont été nourris aux grains précédemment à la ferme d’origine ont un moins grand risque de contracter le CRB24 .

 

La vaccination avant l’achat;

  • Les veaux qui ont été vaccinés précisément contre le virus de la diarrhée virale bovine ou Mannheimia haemolytica, avant l’achat ont un moins grand risque de contracter le CRB.

 

La castration et l’écornage;

  • Comme ces deux interventions sont stressantes, il est recommandé de procéder à leur exécution avant l’achat de la ferme d’origine.
  • Les bovins qui sont écornés ou castrés au parc d’engraissement ont un plus grand risque d’être malades et de mourir.

 

La source des veaux;

  • L’achat de bovins d’encans de bestiaux barns entraîne une plus grande exposition à des pathogènes ainsi que le stress additionnel de multiples trajets de transport, de mise en vente et de mélange avec des bovins d’autres fermes. Par conséquent, il est préférable d’acheter des bovins directement de la ferme d’origine afin d’éliminer ces sources de stress25.

 

La réduction du stress.

  • Après avoir acheté des bovins, il est important de tenir compte de l’impact que le transport a sur le risque à venir de CRB. Pratiquement tous les animaux destinés à l’engraissement seront transportés, mais il faut tenir compte de la distance et de la durée du trajet et des conditions météorologiques.
  • Évitez de transporter des bovins lorsqu’on prévoit des changements brusques et extrêmes à la météo.
  • Les longues distances et les longues durées en transit vont également mener à un risque plus élevé de CRB.

 

Les pratiques de gestion à l’arrivée au parc d’engraissement

La médication de masse

L’administration systématique d’antibiotiques aux bovins à leur arrivée au parc d’engraissement est pratique courante et représente la plus grande quantité d’antibiotiques utilisée dans l’industrie du bœuf.

 

Une analyse récente de plus de 150 études a conclu que l’administration d’antibiotiques à injecter à l’arrivée réduisait le risque de CRB; toutefois, les résultats obtenus varient beaucoup en fonction des facteurs suivants :

  • le type d’antibiotique utilisé;
  • la durée de l’étude;
  • la catégorie de risque des veaux; et
  • la définition utilisée pour la métaphylaxie.
    • La métaphylaxie est habituellement définie comme étant la médication de masse d’un groupe d’animaux en prévision d’une flambée possible de la maladie.

 

Malgré cela, les auteurs ont conclu que « la nécessité d’une administration de masse d’antimicrobiens devrait être réévaluée étant donné que le problème sous-jacent est plutôt lié à l’infrastructure segmentée des industries des parcs d’engraissement et des fermes vache-veau comparativement à la maladie elle-même » 26. Ils poursuivent en suggérant qu’avoir de meilleures pratiques d’achat et de gestion des veaux nouvellement arrivés pourrait mener à une réduction considérable de l’utilisation d’antibiotiques.

 

Collaborez avec votre vétérinaire afin d’élaborer une stratégie adaptée aux animaux faisant leur entrée au parc d’engraissement. Les veaux pourraient être répartis en groupes de risque où les veaux « à risque élevé» comme ceux achetés d’un encan à bestiaux, non sevrés, après un long trajet et ayant un faible poids recevraient un antibiotique à injecter à leur arrivée. Les veaux à faible risque, comme ceux qui sont sevrés, ayant un poids plus élevé ou venant d’une même source, pourraient ne recevoir aucun antibiotique à injecter. On ne sait pas de manière définitive si des antibiotiques dans les aliments seraient efficaces dans la prévention du CRB. Certaines études disent que ça fonctionne, mais la plupart n’ont observé aucun effet25 .

 

La vaccination

La vaccination contre des pathogènes viraux et, dans une moindre mesure, des pathogènes bactériens, est une pratique extrêmement répandue à l’arrivée du bétail dans un parc d’engraissement. Malgré cela, il y a très peu de données probantes pour appuyer cette pratique. On a constaté que la présence d’anticorps contre les pathogènes responsables du CRB réduisait l’incidence de la maladie. Mais la vaccination ne se traduit pas toujours par une protection, puisque la réponse de chaque animal varie fortement.

 

Voici quelques-unes des raisons expliquant l’échec d’un vaccin :

  • le moment de l’administration;
  • l’absence de réponse des veaux stressés au vaccin; et
  • la sensibilité accrue d’animaux stressés à tous les pathogènes.

 

Ces limites peuvent être surmontées en vaccinant les veaux avant leur expédition au parc d’engraissement. De plus, s’approvisionner en veaux préconditionnés va assurer que leur réponse à la vaccination sera plus solide et moins variable. Collaborez avec votre vétérinaire pour élaborer un programme de vaccination qui fonctionne bien pour votre ferme.

 

Autres stratégies de gestion

La gestion des bovins nouvellement arrivés peut avoir un impact important sur la réduction de l’incidence de CRB. Tout est question de réduction du stress et de fournir un milieu confortable aux bovins d’engraissement à leur arrivée.

 

Voici quelques facteurs précis à considérer :

Régime de départ;

  • Le régime des bovins nouvellement arrivés doit être formulé de façon à s’adapter à la faible prise alimentaire et permettre aux bovins d’engraissement de s’acclimater à leur nouveau régime.

 

Espace de mangeoire et densité d’élevage;

  • veiller à ce que les bovins d’engraissement aient suffisamment d’espace de mangeoire et une densité d’élevage convenable afin de réduire le stress qu’ils subissent.

Délai de remplissage de l’enclos;

  • Le temps qu’il faut pour remplir complètement un enclos de bovins peut aussi avoir un impact sur le CRB. Prendre plus d’une journée pour remplir l’enclos va faire augmenter le risque de CRB. Le mélange constant d’animaux et l’établissement d’une dynamique de groupe peuvent s’avérer problématiques.

 

Nombre de groupes achetés par enclos;

  • Plus le nombre de groupes de bovins d’engraissement par enclos augmente, plus le risque de CRB est élevé. Les groupes affichant un plus grand mélange d’animaux ont un risque plus élevé de flambée de CRB.

 

Litière;

  • Il est important d’avoir suffisamment de litière, surtout l’hiver. Cela aide à garder les bovins au chaud et confortables.

 

 

Références

  1. Sanderson MW, Dargatz DA, Wagner BA. Risk factors for initial respiratory disease in United States’ feedlots based on producer-collected daily morbidity counts. Can. Vet. J. 2008;49(4):373-8.
  2. Hay, K.E., Morton, J.M., Clements, A.C., Mahony, T.J., and Barnes, T.S. 2016. Associations between feedlot management practices and bovine respiratory disease in Australian feedlot cattle. Prev. Vet. Med. 128:23-32
  3. Taylor JD, Fulton RW, Lehenbauer TW, Step DL, Confer AW. The epidemiology of bovine respiratory disease: What is the evidence for predisposing factors?. Can. Vet. J. 2010;51(10):1095-102.
  4. Baptiste, K.E., and Kyvsgaard, N.C. 2017. Do antimicrobial mass medications work? A systematic review and meta-analysis of randomised clinical trials investigating antimicrobial prophylaxis or metaphylaxis against naturally occurring bovine respiratory disease, Pathogens and Disease, 75(7):