Section 1 | Le préconditionnement des veaux d’embouche

L’industrie du boeuf
Page 06 /

Pratiques de sevrage

En production bovine, le sevrage est un moment incroyablement stressant à la fois pour la mère que pour le veau. Dans des conditions naturelles, le veau est sevré graduellement au fur et à mesure que la production de lait de la mère diminue, habituellement sur une période de 6 à 12 mois4. Le sevrage abrupt et la séparation du veau de sa mère représente la norme en production bovine. Cette façon de faire peut entraîner une réaction de stress chez la vache et le veau se manifestant par de l’agitation, des mouvements incessants, une augmentation des beuglements et une réduction de la prise alimentaire4. Ce stress représente une préoccupation à l’égard du bien-être et peut rendre le veau plus prédisposé à la maladie. Le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins de boucherie recommande de manière explicite que les producteurs élaborent une stratégie de sevrage conçue pour minimiser le stress et inclure un programme de vaccination5 .

Cette section va vous présenter des stratégies éprouvées fondées sur la recherche permettant de réduire le stress et de maximiser la santé des veaux au sevrage.

 

Une note sur la nutrition au pré-sevrage

Une excellente nutrition au pré-sevrage permet aux veaux de compter sur les taux voulus de nutriments pour soutenir leur croissance et leur santé6 .

 

Voici quelques nutriments à considérer au moment de la formulation d’une stratégie d’apport en sels et en minéraux :

  • les macronutriments : le phosphore et le magnésium;
  • les micronutriments : le sélénium, le cuivre et le zinc.

 

De plus, pour que les vaches puissent produire plus de lait, elles doivent avoir accès à des pâturages de qualité. Les veaux vont également afficher une meilleure croissance sur es pâturages de qualité. Vous devez pouvoir jeter un regard critique sur l’herbe que vous leur offrez. Des pâturages de mauvaise qualité vont nécessiter que vous fournissiez aux vaches et aux veaux un apport en fourrage et en grains.

Fournir une source d’aliments solides aux veaux au fil du temps est une excellente façon d’assurer la transition jusqu’au sevrage. L’alimentation à la dérobée, qui permet au veau d’avoir accès à des grains, favorise le développement du rumen et peut ainsi aider le veau à passer aux aliments solides tout en réduisant au minimum le stress qu’un sevrage abrupt pourrait provoquer. Un moins grand stress contribue à faire en sorte que le système immunitaire fonctionne bien et que l’animal continue d’afficher une bonne santé et une bonne croissance.

Sevrage en deux étapes

Le sevrage abrupt désigne le retrait physique du veau de sa mère au moment précis du sevrage. Cette technique est très stressante pour le veau. Le veau passe son temps à beugler et à se déplacer, ce qui laisse peu de temps pour manger et s’abreuver.

 

Voici comment procéder au sevrage en deux étapes :

  • étape 1 – empêcher le veau de téter sa mère tout en maintenant le contact physique;
  • étape 2 – retrait physique du veau de sa mère.

 

Une étude récente a examiné le sevrage en deux étapes réalisé avec l’aide d’un dispositif appelé QuietWean (voir la photo), qui est en fait un caveçon, et a comparé le comportement et la croissance des veaux avec celui d’animaux sevrés abruptement8 . Ce dispositif est utilisé durant la première étape du sevrage. Il empêche le veau de téter et de consommer du lait. Durant cette étape, le veau est tout de même capable de manger du grain et de brouter au pâturage et il est encore logé avec sa mère. Après deux semaines, le dispositif est retiré et le veau est ensuite séparé de sa mère. Les veaux sevrés abruptement avaient plein accès à leur mère et à leur lait jusqu’au jour du sevrage.

 

Une vidéo (en anglais seulement) décrivant le processus est accessible par le biais du lien suivant :

Western College of Vet Medicine – Two-stage Weaning Video

 

Les résultats :

Lorsque les chercheurs ont examiné les gains de poids après avoir séparé les veaux de leur mère, ils ont constaté des résultats considérablement plus élevés chez les veaux sevrés en deux étapes (Figure 1).

 

 

Figure 1. Différence du gain de poids quotidien moyen entre les veaux sevrés abruptement et les veaux sevrés en deux étapes.

 

Sevrage nez à nez

À titre de solution de rechange à la méthode en deux étapes avec la pose d’un caveçon, les experts recommandent le sevrage nez à nez pour réduire le stress subi par les veaux9 . Les vaches et les veaux sont placés dans des pâturages adjacents de telle sorte qu’ils puissent garder le contact visuel le long de la clôture qui les séparent, tout en empêchant les veaux de téter.

La recherche a démontré que les veaux sevrés nez à nez présentaient beaucoup moins de comportements liés au stress9 . Ils marchent moins, mangent davantage et se reposent plus que les veaux sevrés abruptement (Figure 2).

 

Figure 2. Comparaison du pourcentage de temps consacré à marcher, à manger et à rester couché par les veaux non sevrés, les veaux sevrés nez à nez et les veaux sevrés abruptement9 .

En outre, lorsque les chercheurs ont comparé les gains de poids, ils ont constaté que les veaux du groupe sevré nez à nez affichaient des gains de poids plus élevés à 2 et à 10 semaines après le sevrage que les veaux sevrés abruptement (Figure 3).

 

 

Figure 3. Comparaison du gain de poids à 2 et à 10 semaines après le sevrage par les veaux non sevrés, les veaux sevrés nez à nez et les veaux sevrés abruptement (9).

Beef Cattle Research Council – Fenceline Weaning

Ce site propose un excellent survol des considérations clés à envisager pour le sevrage des veaux. De plus, il présente de magnifiques vidéos démontrant les techniques de manutention en douceur et d’autres bons conseils pour le sevrage des veaux.

eXtension – Fenceline Weaning for Beef Cattle

Ce site énumère certaines des considérations clés à étudier si vous souhaitez mettre le sevrage nez à nez à l’épreuve.

University of Arkansas – Quick Tips Fenceline Weaning Video

Cette vidéo passe en revue les pratiques exemplaires et de bons conseils pour la réalisation du sevrage nez à nez.

Le moment de sevrer

Habituellement, les veaux sont sevrés à l’automne à l’âge de 5 à 7 mois. Malheureusement, cette période coïncide avec une autre transition stressante pour le veau – le passage de la ferme au parc d’engraissement.

 

Cette transition comporte plusieurs éléments stressants qui peuvent avoir beaucoup d’effet sur la santé et la productivité des veaux :

  • le transport;
  • les facteurs de stress environnementaux (les écarts de température d’automne, les fortes précipitations et l’humidité élevée);
  • le mélange avec du bétail d’autres fermes (dans des camions, aux encans, au parc d’engraissement).

 

Gardant tout cela en tête, un bon programme de préconditionnement recommande habituellement que les veaux soient sevrés au moins 45 jours avant de quitter la ferme6 .

 

Procéder ainsi procure plusieurs bienfaits :

  • appuie la récupération du veau du stress du sevrage;
  • donne au veau suffisamment de temps pour réagir aux vaccins reçus;
  • donne plus de temps pour générer des gains de poids permettant de compenser les coûts associés au logement et à l’alimentation de veaux sevrés.

 

Dans la mesure du possible, c’est le moment d’habituer les veaux à se nourrir dans une mangeoire et à boire dans un abreuvoir. Les veaux habitués à se nourrir et à s’abreuver à partir de ces sources vont subir moins de stress à leur arrivée au parc d’engraissement.

 

Références

  1. Wilson BK, Richards CJ, Step DL, Krehbiel CR. Beef species symposium: Best management practices for newly weaned calves for improved health and well-being. J. Anim. Sci. 2017;95(5):2170–82.
  2. O’Connor AM, Yuan C, Cullen JN, Coetzee JF, da Silva N, Wang C. A mixed treatment meta-analysis of antibiotic treatment options for bovine respiratory disease – An update. Prev. Vet. Med. [Internet]. 2016;132:130–9. Available from: http://dx.doi.org/10.1016/j.prevetmed.2016.07.003
  3. Dohoo IR, Martin W, Stryhn H. Veterinary Epidemiologic Research. 2nd ed. Charlottetown, PEI: VER Inc.; 2009.
  4. Newberry RC, Swanson JC. Implications of breaking mother-young social bonds. Appl. Anim. Behav. Sci. 2008;110(1–2):3–23.
  5. NFACC. Code of practice for the care and handling of beef cattle [Internet]. Dairy Farmers of Canada. Calgary, Alberta: National Farmed Animal Care Council; 2013. 1-65 p. Available from: http://www.nfacc.ca/codes-of-practice/beef-cattle
  6. TAMU. Value Added Calf ( VAC ) – Management Program [Internet]. Texas Cooperative Extension: The Texas A & M University. 2014 [cited 2019 Jan 31]. Available from: http://aglifesciences.tamu.edu/animalscience/wp-content/uploads/sites/14/2012/04/beef-vac-mgmt.pdf
  7. Enríquez D, Hötzel MJ, Ungerfeld R. Minimising the stress of weaning of beef calves: A review. Acta Vet Scand [Internet]. 2011;53(1):28. Available from: http://www.actavetscand.com/content/53/1/28
  8. Haley DB, Bailey DW, Stookey JM. The effects of weaning beef calves in two stages on their behavior and growth rate. J. Anim. Sci. 2005;83(9):2205–14.
  9. Price EO, Harris JE, Borgwardt RE, Sween ML, Connor JM. Fenceline contact of beef calves with their dams at weaning reduces the negative effects of separation on behavior and growth rate. J. Anim. Sci. 2003;81(1977):116–21.