La biosécurité dans l’industrie laitière

Gestion de la biosécurité
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En savoir plus long au sujet de Staphylococcus aureus

L’adoption de mesures de biosécurité visant à minimiser la propagation des infections peut varier d’un troupeau laitier à l’autre. Les recherches démontrent que la majorité des troupeaux canadiens sont ouverts, que peu d’entre eux ont mis en place des mesures pour contrôler les visiteurs à la ferme et que moins de la moitié exigent que le personnel porte des bottes et des combinaisons propres1.

Introduction

On constate souvent que l’amélioration de la biosécurité est l’une des approches les plus rentables et les plus facilement réalisables pour la prévention des maladies et qu’elle représente une alternative à l’utilisation systématique d’antimicrobiens. Plus précisément, la mise en œuvre de niveaux plus élevés de biosécurité peut réduire les risques de maladie et améliorer la productivité2,3 des exploitations agricoles. 

Avec l’émergence de nouvelles maladies et la menace accrue de maladies entrant au pays (par exemple, Salmonella Dublin, la fièvre aphteuse), la mise en œuvre de pratiques de biosécurité dans les fermes laitières est essentielle. Cette revue GAMAE permettra de mettre en évidence les éléments clés d’un programme de biosécurité réussi dans les fermes laitières, en utilisant la mammite à staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) comme exemple, car la mammite est un contributeur majeur à l’utilisation d’antimicrobiens dans les fermes laitières.

Qu’est-ce que le staphylocoque doré?

Le staphylocoque doré est la cause d’une infection bactérienne fréquemment rencontrée chez les vaches laitières canadiennes. Dans un échantillon ponctuel de troupeaux laitiers canadiens en 2015, on a observé la présence de cette bactérie chez 46 % des troupeaux4. 

La présence de Staphylococcus aureus dans un troupeau est reconnue par une élévation du nombre de cellules somatiques (CCS), ou une augmentation du nombre de cas de mammite clinique. Les animaux infectés sont susceptibles de présenter un CCS chroniquement élevé, ainsi qu’un risque accru de réforme et une production laitière réduite5,6,7. 

Outre les conséquences de l’infection sur la santé et le bien-être, Staphylococcus aureus entraîne également des pertes économiques importantes, qui sont estimées à 490 $ par vache infectée8. La maîtrise de cet agent pathogène permettra de réduire l’utilisation des antimicrobiens sur les fermes laitières en raison de la diminution des cas de mammite (la principale cause de l’utilisation d’antimicrobiens chez les bovins laitiers9). 

Il est donc important de se servir de la biosécurité pour maîtriser la maladie !

La biosécurité et le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus)

Lorsqu’il est question de lutter contre Staphylococcus aureus, il est important de prendre en compte la transmission entre les animaux et d’une ferme à l’autre. Cet agent pathogène se propage principalement par la peau des animaux infectés, ce qui fait des vaches infectées la principale source de transmission bactérienne entre les bovins et d’une ferme à l’autre. Les infections à Staphylococcus aureus sont très difficiles à éliminer une fois l’infection installée, car la bactérie adhère au tissu du pis à l’intérieur de la glande mammaire, provoquant une infection profonde. 

La mise en œuvre de mesures de biosécurité externes et internes est essentielle pour maîtriser la propagation de Staphylococcus aureus.

La biosécurité externe

Introduction d’animaux

Le staphylocoque doré dépend de l’introduction d’une vache infectée dans un troupeau pour faciliter sa propagation. Le maintien d’un troupeau fermé (sans ajout de vaches au troupeau à partir d’une source externe) peut empêcher cet agent pathogène de pénétrer dans un troupeau.

Si l’achat de vaches est nécessaire, les stratégies suivantes sont fortement recommandées10 :

  1. Acheter des vaches provenant de troupeaux dont le CCS du réservoir en vrac est constamment inférieur à 200 000 cellules/ml.
  2. S’assurer que chaque vache qui entre dans le troupeau ait un CCS < 200 000 cellules/ml pendant toute sa lactation.
  3. Mettre en culture le lait des quartiers des vaches dès que possible après leur arrivée et considérer les animaux comme potentiellement infectés (c’est-à-dire les séparer et les traire en dernier) jusqu’à ce que les résultats soient connus. 

 

Personnel, véhicules et équipement

Bien que les gens, les véhicules et l’équipement ne soient pas porteurs de Staphylococcus aureus, d’autres maladies dangereuses peuvent être transmises par ces voies. Par exemple, la Salmonella Dublin peut être introduite par des personnes entrant dans une ferme avec des bottes ou des combinaisons contaminées par du fumier, et la bactérie qui provoque la dermatite digitale (ou le piétin des fraises) peut être introduite par de l’équipement agricole contaminé. 

Veiller à ce que tous les visiteurs de la ferme portent des vêtements et des chaussures de protection propres et à ce que tout l’équipement de la ferme soit désinfecté avant d’être utilisé permet de réduire le risque d’introduction de maladies et d’empêcher leur propagation au sein du troupeau.

La biosécurité interne

Mode de gestion

La mise en œuvre de stratégies de gestion simples à la ferme peut contribuer à réduire le niveau et le risque d’infection par Staphylococcus aureus et favoriser l’élimination de cette bactérie. On pense que cet agent pathogène se propage d’une vache à l’autre au moment de la traite (par le biais de l’équipement, des manœuvres manuelles); il est donc important de mettre en œuvre plusieurs pratiques au moment de la traite, notamment11,12 :

  1. Le port des gants lors de la traite des vaches et le nettoyage ou le changement des gants s’ils sont souillés
  2. L’application d’un désinfectant sur les trayons avant la traite
  3. La ségrégation des vaches en lactation dont le nombre de cellules somatiques est chroniquement élevé
    • Les vaches dont le nombre de cellules somatiques est élevé peuvent être identifiées et traites en dernier pour éviter la propagation du staphylocoque doré aux autres vaches non infectées 
    • Les vaches qu’on soupçonne d’être infectées peuvent être soumises à une culture bactérienne

Outre les stratégies mises en œuvre au moment de la traite, d’autres stratégies consistent à s’assurer que le matériel de traite est entretenu régulièrement et que les stalles où logent les vaches sont propres et sèches. Il est également important de repérer et de réformer les vaches infectées par Staphylococcus aureus, car elles constituent un réservoir de bactéries au sein du troupeau. On peut procéder à une analyse du lait des vaches affichant un cas clinique de mammite ou un CCS chroniquement élevé pour déceler la présence de Staphylococcus aureus. Les vaches infectées doivent être identifiées par un bandeau aux pattes et traites en dernier jusqu’à ce qu’elles soient réformées pour éviter toute transmission. 

 

La lutte contre le Staphylococcus aureus passe par une saine gestion !

Nettoyage et désinfection

Le staphylocoque doré est principalement transmis d’une vache à l’autre au moment de la traite, lorsque l’unité de traite est placée sur une vache saine après avoir été utilisée sur une vache infectée. Une quantité résiduelle de bactéries reste dans le gobelet trayeur après la traite d’une vache infectée, ce qui peut provoquer une infection chez les vaches saines qui sont traites avec la même unité par la suite. C’est pourquoi il est important de procéder à un lavage complet du système de traite après la traite de vaches atteintes de staphylocoque doré.

Lorsqu’il n’est pas possible de traire en dernier les vaches infectées par le staphylocoque doré, on peut réduire la transmission bactérienne en nettoyant et en désinfectant l’unité de traite après la traite d’une vache infectée. Le rinçage du faisceau trayeur à l’eau froide ou avec une solution désinfectante est efficace pour éliminer Staphylococcus aureus de l’unité de traite et réduire la transmission13. 

Le personnel

En fin de compte, le personnel qui travaille avec les vaches est responsable d’appliquer les changements de gestion visant à assurer la maîtrise de Staphylococcus aureus. Il est donc indispensable que tout le personnel comprenne les raisons motivant la mise en œuvre de pratiques précises, particulièrement celles qui sont liées à la traite. Votre vétérinaire peut être une excellente ressource pour contribuer à la formation du personnel et l’aider à comprendre le « pourquoi » de chaque pratique de gestion.

Messages à retenir

Staphylococcus aureus est une infection courante et coûteuse dans les exploitations laitières du Canada. La meilleure façon de prévenir l’introduction de cette bactérie à la ferme est d’éviter d’acheter et d’introduire dans votre troupeau des animaux potentiellement infectés. Staphylococcus aureus peut être maîtrisé grâce à une combinaison de stratégies de gestion et d’options de dépistage et d’abattage

 

Collaborez avec votre vétérinaire pour déterminer la meilleure stratégie de prévention ou de maîtrise de Staphylococcus aureus à la ferme !

Références

  1. Denis-Robichaud, J., DF Kelton, CA Bauman, et al. 2019. Biosecurity and herd health management practices on Canadian dairy farms. J Dairy Sci. 102:9536-9547.
  2. Lindberg, A, and H Houe. 2005. Characteristics in the epidemiology of bovine viral diarrhea virus (BVDV) of relevance to control. Prev Vet Med. 72:55-73.
  3. Oliveira, VHS, JT Sørensen, and PT Thomsen. 2017. Associations between biosecurity practices and bovine digital dermatitis in Danish dairy herds. J Dairy Sci. 100:8398-8408. 
  4. Bauman CA, HW Barkema, J Dubuc, GP Keefe, and DF Kelton. 2018. Canadian National Dairy Study: Herd-level milk quality. J Dairy Sci. 101:2679-2691. 
  5. Shook, G.E., R.L. Bamber Kirk, F.L. Welcome, Y.H. Schukken, and P.L. Ruegg. 2017. Relationship between intramammary infection prevalence and somatic cell score in commercial dairy herds. J Dairy Sci. 100:9691-9701. 
  6. Barkema, H.W., Y.H. Schukken, T.J.G.M. Lam, M.L. Beiboer, H. Wilmink, G. Benedictus, and A. Brand. 1998. Incidence of clinical mastitis in dairy herds grouped in three categories by bulk milk somatic cell counts. J Dairy Sci. 81:411-419. 
  7. Heikkilã, A.M., E. Liski, S. Pyörãlã, and S. Taponen. 2018. Pathogen-specific production losses in bovine mastitis. J Dairy Sci. 101:9493-9504. 
  8. Wilson, D.J., R.N. Gonzalez, and H.H. Das. 1997. Bovine mastitis pathogens in New York and Pennsylvania: Prevalence and effects on somatic cell count and milk production. J Dairy Sci. 80:2592-2598 
  9. Lardé H, S Dufour, M Archambault, et al. 2021. An observational cohort study on antimicrobial usage on dairy farms in Quebec, Canada. J Dairy Sci. 104:1864-1880.
  10. Keefe, G. 2012. Update on control of Staphylococcus aureus and Streptococcus agalactiae for management of mastitis. Vet Clin NA: Food Anim Prac. 28:203-216.
  11. Dufour, S., I.R. Dohoo, H.W. Barkema, L DesCôteaux, T.J. DeVries, K. Reyher, J.P. Roy, and D.T. Scholl. 2012. Manageable risk factors associated with the lactational incidence, elimination, and prevalence of Staphylococcus aureus intramammary infections in dairy cows. J Dairy Sci. 95:1283-1300.  
  12. Barkema, H.W., Y.H. Schukken, and R.N. Zadoks. 2006. Invited Review: The role of cow, pathogen and treatment regimen in the therapeutic success of bovine Staphylococcus aureus mastitis. J Dairy Sci. 89:1877-1895. 
  13. Skarbye, A.P., P.T. Thomsen, M.A. Krogh, L. Svennesen, and S. Østergaard. 2020. Effect of automatic cluster flushing on the concentration of Staphylococcus aureus in teat cup liners. J Dairy Sci. 103:5431-5439.