La biosécurité dans l’industrie avicole

Gestion de la biosécurité
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En savoir plus long au sujet de la grippe aviaire hautement pathogène

La biosécurité dans l’industrie avicole est le moyen le plus efficace et le plus économique pour lutter contre les maladies des volailles. Elle revêt une grande importance en raison de l’augmentation de la taille des exploitations et de la densité des oiseaux. 

Introduction

Plus précisément, la biosécurité peut favoriser une réduction des antimicrobiens utilisés1, et a été mise en évidence comme un élément clé de la prévention de nombreuses maladies infectieuses des volailles, notamment l’influenza aviaire hautement pathogène, la laryngotrachéite infectieuse, la maladie de Newcastle et la salmonellose2. En outre, une étude récente a mis en évidence plusieurs composantes clés de la biosécurité associées à une réduction de l’utilisation d’antimicrobiens, notamment6 :

  • L’utilisation d’équipement de protection individuelle
  • L’obligation de suivre un protocole d’hygiène avant et après l’entrée à la ferme
  • L’utilisation de vêtements de travail exclusifs par le personnel et les visiteurs
  • La présence de pédiluves à l’entrée de l’étable
  • L’élimination des mortalités

Outre leur effet sur la santé animale, certains agents pathogènes antibiorésistants peuvent être transmis à l’homme. Par conséquent, il est donc crucial de réduire la quantité de ces bactéries par la biosécurité. Camplylobacter est l’un de ces agents pathogènes. Un niveau rigoureux de biosécurité comprenant l’utilisation de vêtements et de bottes spécifiques à la ferme, l’entrée de camions d’aliments et de livraison propres, et l’application de protocoles de nettoyage et de désinfection appropriés, peut réduire le niveau de cet agent pathogène7. D’autres agents pathogènes similaires, comme la Salmonella non typhoïde et l’Escherichia coli, peuvent également être maîtrisés par des pratiques de biosécurité qui limitent le risque de provoquer des maladies non seulement dans les troupeaux individuels, mais aussi chez les humains. 

Malgré l’importance que la biosécurité peut avoir dans la prévention des maladies et l’utilisation d’antimicrobiens, certaines études ont mis en évidence la nécessité d’améliorer la biosécurité dans l’industrie avicole2, notamment par des mesures externes.

Cette revue GAMAE met en évidence les composantes d’un programme de biosécurité réussi dans une exploitation avicole en prenant pour exemple la grippe aviaire hautement pathogène. Bien que cet agent pathogène soit un virus et qu’il ne doive pas être traité avec des antimicrobiens (puisque les antimicrobiens sont uniquement destinés à lutter contre des agents pathogènes bactériens), il revêt une importance particulière en raison des récentes épidémies qui se sont produites au Canada.

Qu’est-ce que la grippe aviaire hautement pathogène?

L’influenza aviaire, communément appelée « la grippe aviaire », est un virus hautement contagieux qui touche des espèces d’oiseaux destinées à l’alimentation, tout comme les oiseaux de compagnie et les oiseaux sauvages. Les virus de la grippe aviaire sont classés comme hautement pathogènes ou faiblement pathogènes en fonction de la gravité de la maladie. 

L’influenza aviaire hautement pathogène a été identifiée à plusieurs reprises au Canada, la dernière fois en 2015 dans un élevage de dindes en Ontario. L’introduction du virus de la grippe aviaire faiblement pathogène des oiseaux sauvages aux oiseaux domestiques entraîne souvent une grippe aviaire hautement pathogène en raison de la mutation de la souche faiblement pathogène lors de son passage dans les volailles domestiques. La grippe aviaire est une maladie à déclaration obligatoire au Canada, ce qui signifie que tous les cas confirmés et soupçonnés de grippe aviaire hautement (H5 et H7) et faiblement pathogène doivent être signalés à l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA).

Les signes typiques associés à un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène comprennent notamment3 :

  • Mortalité extrêmement élevée d’oiseaux présentant peu de signes cliniques
  • Dépression et décubitus chez les oiseaux
  • Réduction de l’activité, déshydratation et diminution de la prise alimentaire, avec une progression rapide vers une dépression sévère et la mort
  • Chez les oiseaux pondeurs, baisse significative de la production d’œufs (proche de 0) après 3 à 5 jours d’infection

Pour maîtriser au mieux la propagation du virus, les exploitations avicoles doivent être vigilantes afin d’identifier rapidement la maladie.

La biosécurité et la grippe aviaire hautement pathogène

La première indication de la présence de l’influenza aviaire hautement pathogène est généralement l’apparition de la maladie. Pour cette raison, l’accent est mis sur la prévention de l’introduction du virus dans les exploitations naïves par la mise en œuvre des pratiques exemplaires de biosécurité dans l’ensemble de la filière avicole. La proximité d’une ferme infectée est communément identifiée comme l’un des facteurs les plus influents menant à l’infection5; par conséquent, les fermes qui sont à proximité d’une ferme infectée doivent être particulièrement diligentes en matière de biosécurité pour protéger la santé de leurs troupeaux. 

Une approche unifiée de la biosécurité est vitale pour la prévention de l’influenza aviaire !

La biosécurité externe

 

Introduction d’animaux

Les oiseaux sauvages ne sont pas seulement associés à la grippe aviaire, mais aussi au virus de la maladie de Newcastle, à Myxoplasma, à Camplylobacter, à Salmonella, à Yersinia et à Mycobacterium avium. Ils sont généralement responsables de l’introduction d’agents pathogènes dans une région, ce qui entraîne des éclosions d’une infection précise. 

Il est crucial d’éviter d’attirer les oiseaux sauvages dans les élevages de volailles domestiques en fermant les trous de ventilation avec du grillage, en nettoyant les aliments autour des poulaillers et en évitant d’avoir des étangs près des poulaillers pour ne pas attirer les oiseaux migrateurs4. 

Le contrôle des populations d’oiseaux sauvages est l’aspect le plus critique de la prévention de l’introduction de l’influenza aviaire hautement pathogène dans un nouveau lieu géographique.

Il est recommandé de s’approvisionner en nouveaux oiseaux auprès de troupeaux sources à faible risque et de bonne réputation (comme le Programme des couvoirs et des troupeaux sources de l’Ontario) qui appliquent des programmes de lutte contre les maladies et fournissent des dossiers. Cela peut avoir un effet déterminant sur la réduction des taux de maladie d’un troupeau !

 

Les gens

Les humains peuvent constituer une voie de transmission pour différents agents pathogènes, dont la grippe aviaire. Les déplacements humains d’une ferme à l’autre ont été identifiés comme étant un facteur clé dans la propagation de ce virus, car les sécrétions fécales et respiratoires porteuses du virus peuvent se retrouver sur les chaussures et les vêtements. Les pratiques à haut risque, telles que le fait de ne pas exiger des visiteurs de la ferme qu’ils changent de vêtements, peuvent être associées à des épidémies de grippe aviaire5. Les établissements qui exigent des visiteurs indispensables qu’ils changent de vêtements sont généralement plus susceptibles d’exiger d’autres pratiques de biosécurité, et ont une conscience accrue et des mesures plus rigoureuses pour traiter les voies de transmission liées aux humains applicables aux visiteurs de la ferme. Il est essentiel de laisser s’écouler un certain temps entre les visites d’exploitations avicoles. Il est recommandé de respecter un intervalle d’au moins 72 heures entre les visites afin d’éviter l’introduction d’agents pathogènes d’une ferme à l’autre. 

Le fait de n’autoriser que les visiteurs indispensables à la ferme, qui changent de vêtements à leur arrivée, est un moyen important de prévenir l’introduction de maladies. 

Outre les visiteurs, il importe également de prendre en compte le personnel agricole qui travaille dans plusieurs exploitations avicoles. Lors de l’évaluation d’un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène dans des élevages de poules pondeuses aux États-Unis5, un des facteurs clés de la transmission a été la présence d’employés communs qui visitaient ou travaillaient dans plusieurs exploitations au cours d’une même journée. C’est pourquoi il est nécessaire d’appliquer des mesures d’hygiène additionnelles destinées à réduire le risque d’infection par la grippe aviaire, comme le changement de chaussures, le lavage des mains et le nettoyage systématique des zones d’entrée des bâtiments d’élevage, en plus de l’obligation de changer de vêtements.

 

Les véhicules et l’équipement

La circulation des véhicules d’une ferme à l’autre a également été identifiée comme étant un facteur de risque pour l’influenza aviaire, lorsqu’elle se fait à proximité des logements des oiseaux. Les producteurs sont vivement encouragés à restreindre l’accès des véhicules au périmètre de la ferme, ou à des endroits situés à au moins 30 mètres de l’étable, ce qui élimine la nécessité pour les services de livraison de déchets ou d’aliments, le personnel ou l’équipement d’entrer en contact étroit avec les zones réservées aux animaux. Il a été démontré que les camions d’équarrissage et d’alimentation, en particulier, sont associés à l’infection des animaux lorsqu’ils s’approchent des bâtiments d’élevage. Les producteurs peuvent réduire ce risque d’infection en utilisant des méthodes d’élimination à la ferme comme l’enfouissement, le compostage ou l’incinération. 

Le partage d’équipement entre les élevages de volailles, comme les plateaux à œufs et les palettes, a entraîné des épidémies de grippe aviaire hautement pathogène et doit être évité. Lorsque le partage d’équipement est nécessaire, celui-ci doit être soigneusement nettoyé et désinfecté avant d’être utilisé. 

La biosécurité interne

Comme il s’agit d’une maladie animale exotique, un isolement positif de l’influenza aviaire hautement pathogène entraînerait une réaction rapide du gouvernement et de l’industrie pour tenter de contrôler la propagation du virus. Cela inclurait probablement l’abattage de tout le troupeau de l’animal infecté afin de réduire le plus possible le risque d’infection généralisée et de propagation du virus à d’autres troupeaux. En raison du potentiel d’impacts économiques importants sur les producteurs individuels et sur l’ensemble de l’industrie, ainsi que sur le commerce international, il est impératif de procéder à une détection précoce. 

Si vous soupçonnez la présence de l'influenza aviaire hautement pathogène en raison d'une mortalité élevée et d'autres signes cliniques décrits ci-dessus, communiquez immédiatement avec votre vétérinaire ou l'ACIA.

Messages à retenir

L’influenza aviaire hautement pathogène est une maladie à déclaration obligatoire et a déjà été détectée dans des troupeaux canadiens. Il faut un effort concerté de la part de l’industrie avicole pour mettre en œuvre des pratiques de biosécurité, en particulier des mesures de biosécurité externes, afin d’empêcher l’introduction de cette maladie dans les exploitations non infectées. 

Collaborez avec votre vétérinaire pour vous assurer que le programme de biosécurité de votre ferme est bien conçu pour prévenir l’introduction de l’influenza aviaire hautement pathogène et d’autres maladies.

Références

  1. Gelaude, P, M Schlepers, M Verlinden, et al. 2014. Biocheck.UGent: A 
  2. Delpont, M, C Guinat, J-L Guérin, et al. 2021. Biosecurity measures in French poultry farms are associated with farm type and location. Prev Vet Med. 195:105466. 
  3. Swayne, DE, DL Suarez. 2000. Highly pathogenic avian influenza. Rev sci tech Off int Epiz. 19:463-482. 
  4. Lister, SA, M Patisson, PF McMullen, et al. 2008. Biosecurity in poultry management. Poultry Diseases (6th Edition).  
  5. Garber, L, K Bjork, K Patyk, et al. 2016. Factors associated with highly pathogenic avian influenza H5N2 infection on table-egg layer farms in Midwestern United States, 2015. Avian diseases. 60:460-466.
  6. Ornelas-Eusebio E, G García-Espinosa, K Laroucau, et al. 2020. Characterization of commercial poultry farms in Mexico: Towards a better understanding of biosecurity practices and antibiotic usage patterns. Plos One.  
  7. Newell, DG, KT Elver, D Doper, et al. 2011. Biosecurity-based interventions and strategies to reduce Campylobacter spp. on poultry farms. Applied and Environmental Microbiology.