Section 5 | Le remplacement

L’antibiogouvernance
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La vaccination : un outil clé pour la santé animale

Le remplacement

Le remplacement a pour but de trouver des circonstances dans lesquelles un antimicrobien peut être remplacé par une autre classe de médicament pouvant prévenir ou traiter la maladie. Il y a plusieurs types de produits qui pourraient remplacer en partie l’utilisation d’antimicrobiens à la ferme.

La vaccination

Le système immunitaire

Le système immunitaire de l’animal est conçu pour reconnaître et éliminer les substances qui ne sont pas censées être dans l’organisme (comme les bactéries, les virus et les parasites). Il agit ainsi par le biais de cellules spécialisées et d’anticorps.

La première fois que le système immunitaire de l’animal identifie un pathogène, il peut lui falloir un certain temps (de 7 à 10 jours) avant d’avoir une réponse immunitaire et d’éliminer l’infection. On parle ici de réponse immunitaire primaire. Si l’animal survit à l’infection, des cellules immunitaires vont se souvenir en quelque sorte du pathogène. Si l’animal entre à nouveau en contact avec ce pathogène, les cellules immunitaires vont se mobiliser et chercher à éliminer le pathogène, peut-être même avant que le pathogène ait pu déclencher la maladie dans l’organisme de l’animal. Cette réponse immunitaire secondaire est plus rapide et plus décisive que la réaction immunitaire primaire. L’animal est alors immunisé contre la maladie. Le problème avec ce modèle de protection, c’est que l’animal risque de mourir de l’infection originale.

Qu’est-ce qu’un vaccin?

Le vaccin fait appel à la capacité du système immunitaire de se rappeler d’une infection antérieure sans avoir à être infecté par le pathogène causant la maladie. On chercher à s’assurer que le système immunitaire de l’animal va pouvoir reconnaître la bactérie, le virus ou le parasite causant la maladie et développer une forte réponse immunitaire secondaire, prévenant ainsi la maladie. Il y a une grande variété de vaccins pour la plupart des espèces de bétail domestiques pour prévenir les maladies contagieuses.

 

Source: ACER Consulting Ltd.

Les types de vaccin

Il y a plusieurs types de vaccin, selon la maladie qu’ils tentent de prévenir.

 

Les vaccins inactivés

  • Les bactéries ou les virus de ces vaccins ont été tués ou inactivés à l’aide de produits chimiques afin de stopper leur multiplication et les empêcher de provoquer la maladie.
  • Ces produits contiennent aussi des adjuvants. Les adjuvants sont des produits chimiques conçus pour améliorer la réponse immunitaire de l’animal.
    • Citons l’huile et l’hydroxyde d’aluminium;
      • Ils peuvent parfois être assez irritants pour les tissus et peuvent persister assez longtemps après l’administration.
  • La plupart des vaccins atténués doivent être administrés en deux fois (l’injection originale et l’injection de rappel) afin d’entraîner une immunisation efficace.

 

Vaccins à virus atténué

  • Ces vaccins sont formulés à partir de virus qui ont perdu leur capacité de causer la maladie, mais qui peuvent ENCORE produire une réaction immunitaire.
  • Après leur inoculation, ces virus de multiplient dans l’organisme de l’animal et déclenchent une réaction immunitaire forte et durable.
  • Plusieurs vaccins parviennent à conférer une immunité protectrice en une seule dose, tandis que d’autres vont nécessiter une ou plusieurs injections de rappel.
  • Il faut faire particulièrement attention à la manipulation de ces vaccins (réfrigération) car si les virus sont accidentellement détruits, les vaccins seront alors sans effet.

Les bactérines

  • Les bactérines, ou vaccins bactériens, sont élaborés à partir d’une solution de bactéries entières (vivantes ou atténuées).

 

Les toxoïdes

  • Certaines bactéries sont inoffensives en elles-mêmes, mais peuvent produire des toxines qui causent de graves maladies.
  • Les toxoïdes sont des vaccins formulés à partir de toxines bactériennes inactivées;
    • Le vaccin contre le tétanos est un exemple de ce type de vaccin.

L’administration de vaccins

Il y a plusieurs façons différentes d’administrer des vaccins aux animaux. Le mode d’administration de chaque vaccin est touché par des facteurs comme l’espèce animale, la maladie ciblée, les considérations pratiques d’administration, la réponse immunitaire souhaitée et les caractéristiques du vaccin. Les fabricants ainsi que les autorités gouvernementales de réglementation ont soigneusement évalué le rendement des vaccins de sorte à pouvoir déterminer la voie d’administration et le régime posologique permettant de stimuler l’immunité. Il est donc indispensable de suivre les directives figurant sur l’étiquette et de discuter de l’administration et de toute préoccupation avec le vétérinaire au moment de vacciner vos animaux. Voici les modes d’administration courants de vaccins commerciaux offerts au Canada :

 

  1. Injection intramusculaire;
  2. Injection sous-cutanée;
  3. Administration intranasale;
  4. Administration orale;
  5. Eau d’abreuvement;
    1. Vaccins particuliers chez le porc et la volaille.
  6. Méthodes propres à la volaille :
    1. In ovo (vaccination dans l’œuf);
    2. Dans les aliments;
    3. Pulvérisation aérosol;
    4. Intraoculaire (gouttes dans l’œil);
    5. Trempage du bec
    6. Piqûre dans la membrane alaire.

 

Points importants à considérer

La vaccination, même si elle renforce l’immunité, n’est pas une garantie contre la maladie.

La vaccination va accroître la résistance d’un animal à la maladie et peut réduire la gravité de l’atteinte de même que la dépendance sur les antimicrobiens.

  • Pour en tirer les plus grands bienfaits, la vaccination devrait être accompagnée de bonnes pratiques d’élevage.

 

Les vaccins sont conçus pour prévenir la maladie et non pour la traiter. Par conséquent, il faut mettre l’accent sur la vaccination au bon moment, compte tenu des éléments suivants :

L’état de santé de l’animal;

  • La vaccination fonctionne le mieux lorsqu’elle est donnée à des animaux en santé AVANT leur exposition à la maladie.
  • D’autres facteurs de stress (d’autres infections, le surpeuplement, les carences nutritives, etc.) peuvent nuire à la réponse immunitaire.

 

L’âge de l’animal;

  • Les animaux plus jeunes ont tendances à mal réagir aux vaccins en raison de l’immunité durable obtenue de leur mère (par le placenta ou le colostrum).
  • Suivre les conseils du vétérinaire pour établir l’âge idéal de vaccination.

 

Le moment de la vaccination;

  • Il faut choisir le moment stratégique pour vacciner les animaux de façon à maximiser la réponse immunitaire au moment où ils en ont le plus besoin. En voici quelques exemples :
    1. Administrer les doses primaires et secondaires d’un vaccin avant l’exposition prévue à la maladie (par ex., à l’arrivée d’animaux d’un autre troupeau);
    2. Administrer un vaccin pour prévenir les problèmes de reproduction avant la période des chaleurs;
    3. Donner un vaccin à des animaux en gestation de 6 à 8 semaines avant la mise bas pour maximiser les anticorps dans le colostrum.
  • Vacciner au moment d’une flambée de la maladie :
    • Il y a très peu de données scientifiques démontrant qu’une telle stratégie de vaccination était efficace et pouvait limiter la maladie;
    • Les animaux qui semblent en bonne santé lors de la vaccination pourraient quand même être aux premiers stades de la maladie et tomber malades en dépit de la vaccination;
    • La décision de vacciner au moment d’une flambée doit être prise en consultation avec un vétérinaire.