Gestion des porcelets

Gestion des nouveau-nés
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Dans les principaux pays producteurs de porc, 7 à 8 % des porcelets sont mort-nés et 11 à 13 % des porcelets meurent avant le sevrage. Afin de réduire ces niveaux, la bonne gestion s’impose, surtout en début de vie, car la plupart des décès surviennent autour de la mise bas et pendant les premiers jours de vie. 

 

Dans cette revue GAMAE, nous allons aborder les éléments suivants :

Gestion des truies avant la mise bas

Comme pour les autres espèces, la gestion de la truie avant la mise bas est importante pour réduire les chances des porcelets mort-nés et améliorer la viabilité et la vitalité des porcelets nouveau-nés.

 

État de chair

L’état de chair au moment de la mise à bas est un indicateur important de la durée de la mise bas et des porcelets mort-nés; idéalement, les truies devraient avoir un indice d’état de chair de 3 à 3,5, avec une proportion de 80 % d’entre elles ayant un indice de 3. En effet, les truies surconditionnées ont plus de couches de graisse à l’intérieur et autour du canal de naissance, ce qui réduit son diamètre et crée un obstacle pour les porcelets qui tentent de le traverser à la naissance. 

 

Les régimes de pré-mise bas qui entraînent la constipation peuvent également allonger la durée de la mise bas en raison de la présence d’excréments durs créant un obstacle physique pendant la naissance1. 

 

Collaborez avec votre nutritionniste pour déterminer l’indice optimal d’état de chair avant la mise bas et pour déterminer le régime alimentaire approprié à servir aux truies

 

Aire de mise bas

L’aire dans laquelle la truie est logée avant la mise bas peut également permettre de prévoir la durée et la difficulté de la mise bas. 

 

Espace

Le processus de mise bas peut être plus facile si les truies sont libres de se déplacer et de se retourner. Si les truies sont transférées d’un logement libre à des cages, il est important de prévoir une période de transition de 3 à 5 jours avant la mise bas. Le déplacement vers les cages de mise bas est stressant pour les truies, ce qui peut avoir un impact sur le processus de mise bas. Cette période de transition donne à la truie le temps de s’adapter à son nouveau logement avant la mise bas, une autre période stressante pour les truies. 

 

Litière

L’apport de matériaux de litière pour laisser libre cours au comportement de nidification des truies avant la mise bas peut avoir un effet positif sur la réduction de la durée de la mise bas et de la mortinatalité, car elle peut réduire le stress. Cela peut être difficile dans les bâtiments à caillebotis, mais des recherches supplémentaires sont menées dans ce domaine. 

 

Température

La température des truies en fin de gestation est également un facteur de risque pour la mortinatalité. Les truies qui ont subi un stress thermique important (> 38 °C) en fin de gestation affichent un taux de mortinatalité nettement plus élevé. Il est recommandé de maintenir la température dans les enclos de mise bas en dessous de 29 °C en fin de gestation ou de refroidir les truies par temps chaud2. 

 

Source: ACKO Funki

Gestion de la mise bas

Il est essentiel de surveiller de près le processus de mise bas, car il se déroule à un moment où le risque de mortalité des porcelets est le plus élevé. 

 

Suivi

Lors du premier examen vaginal de la truie, il est important nettoyer la vulve de la truie au savon, de porter des gants propres et d’utiliser une quantité suffisante de lubrifiant pour éviter les blessures et les infections. Lors de l’examen du canal de naissance, il faut vérifier si un fœtus doit être repositionné ou si le canal de naissance est obstrué. Si le canal de naissance n’est pas obstrué, il est possible d’administrer de l’ocytocine pour stimuler les contractions utérines. 

 

Quand faut-il intervenir?

Il est recommandé d’envisager une intervention si l’intervalle entre les porcelets dépasse 30 à 60 minutes, ou si la truie n’a expulsé aucun porcelet mais semble en détresse, déprimée ou faible, ou présente un écoulement vaginal anormal. 

 

 

Collaborez avec votre vétérinaire pour élaborer un protocole qui précise quand une intervention s’impose et ce qui doit être fait selon les circonstances

Prévention de l’hypothermie

L’hypothermie est une des principales causes de mortalité des porcelets nouveau-nés. La salle de mise bas est souvent à une température inférieure à la limite critique des porcelets nouveau-nés, ce qui signifie qu’ils doivent utiliser leurs réserves d’énergie pour rester au chaud. Comme ces réserves d’énergie sont limitées, il est essentiel d’assurer un apport précoce de colostrum (voir ci-dessous) et de fournir un complément de chaleur. 

 

Les garder au chaud

Pour répondre aux besoins du porcelet, une lampe chauffante, un tapis chauffant ou un plancher chauffant peuvent être fournis après la naissance et au cours de la première semaine de vie pour minimiser la perte de chaleur et prévenir l’hypothermie. Des sources de chaleur supplémentaires devraient fournir de la chaleur aux porcelets jusqu’à 34 °C pour prévenir le stress dû au froid. En fait, on a constaté que le fait de placer les porcelets sous une lampe chauffante immédiatement après la naissance permettait de réduire la mortalité des porcelets nouveau-nés de 50 % ou plus3. En aidant les porcelets à maintenir leur température corporelle, on s’assure également qu’ils continuent à téter, car les porcs qui ont froids ont tendance à moins téter et à avoir une digestion réduite. 

 

 

Il a été démontré que sécher les porcelets avec de la paille, des essuie-tout ou d’autres matériaux augmente la température corporelle et permet aux porcelets de téter plus rapidement après la naissance. D’autres méthodes pour prévenir les pertes de chaleur consistent à éviter les courants d’air en réduisant la circulation de l’air, en maintenant une température ambiante élevée et en veillant à ce que le sol adjacent à la mamelle et la zone d’alimentation complémentaire soient bien isolés ou recouverts de litière. 

Gestion du colostrum

La prise de colostrum par les porcelets nouveau-nés est essentielle. Le colostrum est la seule source externe d’énergie en début de vie, et contient des nutriments et d’autres composants qui peuvent favoriser le développement intestinal. En outre, une prise insuffisante de colostrum est une cause majeure de mortalité en raison du risque accru de maladie. C’est pourquoi il est essentiel de veiller à ce qu’un apport suffisant de colostrum se produise tôt pour stimuler la fonction immunitaire et la protection qui est résulte. 

Pour de plus amples détails sur la prise de colostrum par les porcelets, consultez la section Immunité de l’hôte de la revue GAMAE sur L’antibiogouvernance dans l’industrie porcine ontarienne.

 

Combien suffit ?

On estime que les porcelets ont besoin d’au moins 160 g de colostrum par kg de poids à la naissance pour que le transfert passif s’exécute. C’est pourquoi il est important d’amener le porcelet à prendre les trayons de la truie afin de se nourrir de colostrum4. Un accès sûr et facile à la mamelle est indispensable. Il est donc essentiel d’avoir une truie passive et couchée en position latérale pour exposer sa mamelle. Une excellente gestion de la mise bas et des méthodes de prévention de l’hypothermie contribueront à élever un porcelet qui a de la vitalité et qui tétera bien sans aide particulière. 

Propreté

Il est important de prendre des mesures pour réduire la charge de virus et de bactéries à laquelle les porcelets sont exposés. L’élevage par lots distincts, qui repose sur la technique du tout plein tout vide, est une méthode recommandée pour réduire la morbidité. Cette technique permet de nettoyer, désinfecter et sécher soigneusement tous les enclos de maternité entre les groupes. 

Pendant la période d’allaitement, il est également important de maintenir les sols propres et secs. Un bon drainage et l’enlèvement fréquent du fumier et de la litière souillée réduiront l’accumulation d’agents pathogènes auxquels les porcelets sont exposés.

La biosécurité par groupe est également une pratique importante pour prévenir la propagation des maladies dans une salle de mise bas. Empêcher les porcelets plus âgés d’entrer en contact avec les plus jeunes empêchera la propagation des maladies. Travailler du plus jeune au plus âgé est donc une pratique exemplaire, tout comme travailler avec le groupe de porcelets malades en dernier ou laver et nettoyer le matériel et les vêtements lorsqu’on s’occupe de porcelets malades. L’allaitement par mère nourricière, où les porcelets plus âgés qui n’ont pas une bonne croissance sont confiés à une truie ayant une plus jeune portée, est fortement déconseillé. 

Pour de plus amples renseignements sur la prise en charge et la prévention des maladies chez les porcelets, consultez la section Agents pathogènes responsables de la diarrhée de la revue GAMAE sur L’antibiogouvernance dans l’industrie porcine ontarienne.

Prévention de l’écrasement

Les truies peuvent être très agitées après la mise bas et peuvent changer fréquemment de posture ou de position couchée. Par conséquent, des morts par écrasement peuvent se produire, en particulier lorsque les truies sont couchées ou se retournent. Pour prévenir l’écrasement, un sol offrant une bonne traction, un meilleur amortissement par la litière et une réduction de la boiterie des truies sont autant de facteurs qui peuvent réduire l’incidence d’écrasement. 

Parmi les autres caractéristiques à prendre en compte pour la conception des logements, citons les murs inclinés (qui soutiennent la truie pendant sa descente et offrent une zone sûre aux porcelets) et les barres anti-écrasement. 

Il est important de surveiller les porcelets, en particulier aux moments où ils courent un risque élevé d’écrasement, par exemple en les retirant de la zone de couchage de la truie pendant l’alimentation ou le nettoyage de l’enclos. En outre, comme les porcelets faibles sont les plus exposés au risque d’écrasement, une surveillance étroite et une gestion serrée de ces porcelets (lampes chauffantes, vérification de la prise de colostrum) peuvent contribuer à réduire le risque d’écrasement.

 

Messages à retenir

  • La mortalité précoce peut être élevée dans certains élevages de porcs. La gestion de ce problème commence avant la naissance, avec une alimentation adéquate et la prévention du stress thermique chez les truies
  • Lors de la mise bas, une surveillance étroite de la parturition est nécessaire pour assurer une intervention adéquate au moment voulu
  • Après la mise bas, il est essentiel de veiller à ce que les porcelets restent au chaud pour éviter une mortalité précoce, tout comme il est essentiel d’assurer une prise adéquate de colostrum
  • Le maintien d’une excellente hygiène peut également contribuer à réduire l’apparition de maladies en diminuant la charge d’agents pathogènes
  • Collaborez avec votre vétérinaire et vos autres conseillers afin d’établir les stratégies visant à réduire la mortalité néonatale 

Références

  1. Oliviero, C., M. Heinonen, A. Valros, et O. Peltoniemi. 2010. Environmental and sow-related factors affecting the duration of farrowing. Animal Reproduction Science. 119:85-91. 
  2. Kirkden, R.D., D.M. Broom, et I.L. Andersen. 2013. Invited review: Piglet mortality: Management solutions. J Anim Sci. 91:3361-3389. 
  3. Andersen, I.L., I.A. Haukvik, et K.E. Bøe. 2009. Drying and warming immediately after birth may reduce piglet mortality in loose-housed sows. Animal. 3:592-597.
  4. Le Dividich, J., J.A. Rooke, et P. Herpin. 2005. Nutritional and immunological importance of colostrum for the new-born pig. J Ag Sci. 143:469-485.