La biosécurité dans l’industrie porcine

Gestion de la biosécurité
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Examiner la peste porcine africaine

Des stratégies de biosécurité efficaces sont nécessaires pour empêcher les agents pathogènes majeurs et mineurs de causer des problèmes dans les exploitations porcines, qui peuvent avoir des répercussions économiques et commerciales, en plus de causer des problèmes de bien-être animal. 

Introduction

Plusieurs pratiques sont associées à des taux de transmission plus élevés de certaines maladies, notamment1 : 

  • L’achat d’animaux dont l’état de santé est inconnu 
  • L’absence de gestion de la santé du troupeau et d’entretien du programme
  • De mauvais protocoles de nettoyage et d’assainissement
  • L’omission d’isoler les animaux symptomatiques
  • Le mauvais contrôle de l’entrée et de la sortie des véhicules des travailleurs agricoles et des visiteurs

La biosécurité et l’utilisation d’antimicrobiens

Plusieurs études ont démontré que les fermes pratiquant une biosécurité interne et externe plus serrée avaient un niveau plus faible d'utilisation d'antimicrobiens2,3.

Plus précisément, les fermes affichant une biosécurité externe moins rigoureuse utilisaient davantage d’antimicrobiens chez les porcs, de la naissance à l’abattage. En outre, les troupeaux avaient un niveau plus élevé d’utilisation d’antimicrobiens chez les porcs de finition lorsqu’ils se trouvaient à proximité d’autres troupeaux porcins, qu’ils avaient des contrôles d’accès moins stricts pour les visiteurs et le personnel et qu’ils avaient un faible niveau de nettoyage et de désinfection3. 

Notre point de mire

La peste porcine africaine (PPA) est un virus émergent qui menace l’industrie porcine. Bien que cet agent pathogène soit un virus et qu’il ne doive pas être traité par des antimicrobiens (puisque les antimicrobiens ne sont destinés qu’à lutter contre les bactéries), il revêt une importance particulière en raison de la possibilité qu’il dévaste le secteur porcin s’il faisait son apparition au Canada. C’est pourquoi cette revue GAMAE abordera les pratiques de biosécurité dans le contexte de la PPA. 

Qu’est-ce que la peste porcine africaine ?

La peste porcine africaine (PPA) est une maladie à déclaration obligatoire qui touche les porcs et qui n’est pas présente actuellement au Canada. La PPA se transmet facilement (par contact direct avec des porcs infectés ou indirectement par contact avec des excrétions, des sécrétions et des tissus infectés, ainsi que par la consommation de viande de porc ou de produits carnés contaminés) et entraîne une mortalité très élevée dans les troupeaux (100 % dans certains cas), ce qui en fait une grande préoccupation pour l’industrie porcine canadienne. Les premiers signes cliniques sont une forte fièvre (supérieure à 41°C), une perte d’appétit et une léthargie. À mesure que la maladie progresse, les animaux développent une diarrhée sanglante, des vomissements et des avortements4. Dans le cas d’une infection chronique, on peut observer un retard de croissance, une émaciation, une enflure des articulations et des ulcères cutanés. 

N’oubliez pas que la pratique exemplaire consiste à enquêter sur toute augmentation inattendue ou inhabituelle de la mortalité avec le vétérinaire.

La société mondiale des vétérinaires a constaté que la peste porcine africaine est l’une des principales menaces pour la production porcine, la sécurité alimentaire et la biodiversité dans le monde. De graves foyers de peste porcine africaine sont apparus dans le monde entier, notamment en Haïti, en République dominicaine, en Europe de l’Est et en Asie de l’Est. La forte mortalité associée à la peste porcine africaine, ainsi que le dépeuplement des porcs sains pour limiter la propagation de la maladie, ont eu un impact important sur les prix du porc et devraient avoir des effets négatifs sur la sécurité alimentaire dans plusieurs régions de la Chine5. Une flambée au Canada aurait des répercussions immédiates importantes sur l’économie et l’emploi6 en raison de la fermeture des marchés internationaux au porc canadien, d’une importante dépopulation des porcs sains et d’une réduction de 40 à 50 % des prix des porcs vifs pour éliminer le surplus de porc destiné à l’exportation.

La biosécurité et la peste porcine africaine

La facilité de transmission de la peste porcine africaine constitue un défi majeur pour la prévention et le contrôle de cette maladie. Les voies de transmission comprennent : le contact direct entre des porcs sains et infectés, les abrasions cutanées, la transmission par aérosol sur de courtes distances7, et l’ingestion de matériel infecté sur des surfaces, des aliments ou de l’eau contaminés.

Bien que les recherches se poursuivent, aucun vaccin ni médicament n’est actuellement disponible pour prévenir l’infection par la peste porcine africaine, ce qui souligne encore une fois l’importance de pratiques de biosécurité rigoureuses. 

La biosécurité externe

Introduction d’animaux

Lors de l’introduction de porcs dans le troupeau, plusieurs mesures préventives doivent être mises en place pour réduire le risque d’introduction de nouvelles maladies :

  1. Les porcs ne devraient venir qu’à partir de sources fiables et certifiées exemptes de maladies.
  2. Mettre en quarantaine et tester les animaux nouvellement introduits pendant au moins 30 jours après leur entrée et vérifier fréquemment tout signe de maladie afin d’éviter d’introduire un agent pathogène dans le reste du troupeau.
  3. Mode de gestion tout-plein/tout-vide
    1. Déplacer les groupes d’animaux ensemble à chaque étape de la production, ce qui permet d’éviter que la maladie ne se propage dans les différents groupes d’âge et que les porcs ne soient continuellement exposés à des agents pathogènes.

 

Les gens et les produits

La plupart des mesures de lutte contre la PPA reposent sur la circulation mondiale des personnes et des biens, puisque les maladies animales étrangères sont souvent introduites par l’importation légale ou illégale d’animaux vivants, de viande, de produits carnés et d’aliments pour animaux8. En ce qui concerne la peste porcine africaine, le virus a une capacité remarquable à survivre pendant de longues périodes dans des environnements riches en protéines et n’est pas affecté par la transformation de la viande. Plus précisément, il est capable de persister dans la viande jusqu’à 6 mois et peut provoquer une infection chez les animaux sensibles qui entrent en contact avec cette viande.

Il est essentiel d’éviter l’importation de tissus et de produits carnés de porc infectés, car cela pourrait être le principal mécanisme d’entrée de la PPA au Canada.

Il est fortement déconseillé aux producteurs de donner du porc ou de la viande, car la consommation d’aliments contaminés (alimentation à base d’eaux grasses) constitue une préoccupation majeure en ce qui concerne la transmission de la PPA. La peste porcine africaine est inoffensive pour l’humain, mais même une quantité infime consommée par les porcs peut provoquer une infection. Il convient d’éviter de nourrir les porcs avec de la viande, en particulier avec des produits de porc de quelque nature que ce soit, car la majorité des foyers apparus dans les zones exemptes de peste porcine africaine résultaient de l’alimentation avec des déchets alimentaires9. 

Les producteurs doivent être très vigilants avec les visiteurs, car les visites de vétérinaires ou de conseillers ont été associées à l’introduction d’agents pathogènes responsables de maladies. Les humains peuvent être porteurs d’agents pathogènes par le biais de vêtements, de chaussures et de mains contaminés. Les visites non essentielles à la ferme doivent être découragées, et lorsque des visiteurs sont nécessaires, ils doivent être munis de vêtements et de chaussures réservés à la ferme, et suivre tous les protocoles de biosécurité et les pratiques exemplaires en vigueur à la ferme.

Les véhicules et l’équipement

Le virus de la peste porcine africaine a une capacité de survie remarquable dans l’environnement, en particulier dans les matières organiques. Cela signifie qu’il est possible que le virus soit transmis par des vêtements, des chaussures, de l’équipement et des véhicules contaminés. 

Les conducteurs et leurs véhicules, y compris ceux chargés du transport des porcs et de la livraison des aliments pour animaux ou d’autres produits, représentent un risque d’introduction de la peste porcine africaine et d’autres maladies.

Il est essentiel de s’assurer que tous les véhicules chargés du transport des porcs soient nettoyés et désinfectés avant d’entrer à la ferme. Les parties à inclure dans le nettoyage et la désinfection sont : la cabine du camion, la carrosserie du camion, les pneus, la rampe de chargement, l’équipement utilisé en contact avec les porcs, les pneus, ainsi que les vêtements et les bottes du conducteur. Les véhicules qui ramassent les animaux morts représentent un risque particulier de transmission de maladies et ne devraient pas entrer sur les lieux. Les carcasses devraient être ramassées en dehors de la zone d’accès restreint de l’établissement, et tout véhicule chargé de livrer des aliments pour animaux devrait décharger les produits en dehors de cette zone pour éviter de pénétrer dans l’établissement. 

Il convient également d’éviter le partage d’équipement d’un établissement à l’autre. Tout l’équipement en contact avec les porcs, y compris l’équipement de contention, doit être affecté à une seule ferme et gardé propre. Dans les cas où le matériel doit être partagé, il doit être nettoyé et désinfecté lors de son retour à la ferme.

Impact en cas de détection

La peste porcine africaine est une maladie animale exotique à déclaration obligatoire, ce qui signifie qu’un résultat positif confirmant l’apparition de la PPA entraînerait une intervention rapide des pouvoirs publics et de l’industrie pour tenter de maîtriser la propagation du virus. Cela comprendrait l’abattage de l’ensemble du troupeau infecté afin de réduire le plus possible le risque de propagation. S’il y avait une infection au Canada, l’impact économique serait colossal; il est donc impératif de procéder à la détection précoce de ce virus. 

Si vous soupçonnez l’apparition de la peste porcine africaine en raison d’une mortalité inhabituelle ou d’autres signes cliniques décrits ci-dessus, communiquez immédiatement avec votre vétérinaire ou l’ACIA.

Messages à retenir

La peste porcine africaine représente une menace constante pour l’industrie porcine canadienne. Les récentes épidémies dans d’autres pays ont mis en évidence la capacité de ce virus à se propager sur de longues distances. Il n’existe aucun vaccin ni traitement efficace contre la PPA; il est donc extrêmement important de prévenir l’introduction de cette maladie dans les territoires exempts de PPA. Pour maintenir une industrie porcine exempte de la peste porcine africaine au Canada, toutes les parties prenantes, mais surtout les producteurs de porcs, doivent adopter les mesures de précaution nécessaires pour protéger leurs troupeaux.

Collaborez avec votre vétérinaire pour vous assurer que le programme de biosécurité de votre ferme est bien conçu pour prévenir l’introduction de la PPA et d’autres maladies.

Références

  1. Cox, R, CW Revie, D Hurnik, J Sanchez. 2016. Use of bayesian belief network techniques to explore the interaction of biosecurity practices on the probability of porcine disease occurrence in Canada. Prev Vet Med. 131:20-30. 
  2. Laanen, M, D Persoons, S Ribbens, et al. 2013. Relationship between biosecurity and production/antimicrobial treatment characteristics in pig herds. Vet J. 198:508-512.
  3. Raasch, S, M Postma, J Dewulf, et al. 2018. Association between antimicrobial usage, biosecurity measures as well as farm performance in German farrow-to-finish farms. Porcine Health Management. 4:30.
  4. Dixon, LK, H Sun, H Roberts. 2019. African swine fever. Antiviral Research. 165:34-41. 
  5. Mason-D’Croz, D, JR Bogard, M Herrero, et al. 2020. Modelling the global economic consequences of a major African swine fever outbreak in China. Nature Food. 1:221-228.
  6. Carriquiry, M, A Elobeid, D Swenson, D Hayes. 2020. Impacts of African Swine Fever in Iowa and the United States. CARD Working Papers. 618 
  7. Oleson, AS, L Lohse, A Boklund, et al. Transmission of African swine fever virus from infected pigs by direct contact and aerosol routes. Vet Microbiol. 211:92-102. 
  8. Brown, VR, RS Miller, SC McKee, et al. 2020. Risks of introduction and economic consequences associated with African swine fever, classical swine fever, and foot-and-mouth disease: A review of the literature. Transbound Emerg Dis. 00:1-56. 
  9. Gallardo, MC, A de la Torre Reoyo, J Fernández-Pinero, et al. 2015. African swine fever: a global view of current challenge. PHM. 1-21.