Contamination par le fumier du bétail

Numéro spécial : Analyse comparative
de l'utilisation des antimicrobiens
et 
antimicrobiens dans l'environnement
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Le fumier du bétail

La diffusion d’antimicrobiens à partir des fèces des animaux d’élevage a été bien étudiée. Une vaste étude menée aux Pays-Bas a révélé que parmi les animaux étudiés, des résidus d’antimicrobiens ont été trouvés dans les fèces de 55 % des porcs et de 75 % des veaux3. En outre, plus de 30 % des fèces testées contenaient deux antimicrobiens différents ou plus. D’après cette étude, il est également important de noter que les concentrations de différents antimicrobiens dans les échantillons prélevés étaient suffisamment élevées pour éventuellement sélectionner les bactéries en fonction de l’antibiorésistance.

Les matières fécales ou le fumier sont couramment utilisés comme engrais pour optimiser la croissance des cultures en agriculture; toutefois, cette pratique peut entraîner la dissémination de résidus d’antimicrobiens et d’organismes antibiorésistants dans l’environnement. Ces résidus peuvent se retrouver dans les eaux de surface, le sol et les cultures, ce qui entraîne des effets écologiques néfastes et l’émergence d’une résistance aux antimicrobiens.

Dans les champs où du fumier a été épandu, des antimicrobiens comme les β-lactamines (qui peuvent survivre pendant 5 jours), les tétracyclines et les sulfamides (qui peuvent tous deux survivre jusqu’à 100 jours)4 peuvent sélectionner des bactéries résistantes dans les sols et les cultures. Plus précisément, des E. coli BLSE ont été détectées dans des échantillons prélevés dans des champs fertilisés au cours des six semaines précédentes et dans des sols cultivés un an après l’application de fumier de vache. 

Les antimicrobiens et les bactéries antibiorésistantes trouvés dans les champs peuvent se propager dans l’environnement par le biais du ruissellement (défini comme étant tout liquide qui n’est pas absorbé par le fumier) dans les lacs, les ruisseaux et les rivières, ainsi que par le lessivage potentiel dans les eaux souterraines. Il est donc essentiel de veiller à ce que les installations de stockage du fumier soient conçues pour minimiser le lessivage. De plus, lorsque le fumier est appliqué aux champs, il doit l’être de manière à minimiser le ruissellement.

Empêcher le lessivage et le ruissellement du fumier

Il est non seulement important d’empêcher les antimicrobiens et les bactéries antibiorésistantes de s’infiltrer dans les eaux souterraines et de s’écouler dans les ruisseaux, les rivières et les lacs, mais il est également important d’empêcher l’azote et le phosphore de pénétrer dans les systèmes d’eau.

Voici quelques recommandations pour gérer le fumier et réduire la quantité de polluants qui pourraient s’échapper de la ferme ou des champs :

  • Parcs à bestiaux et installations de stockage du fumier

  • Éviter l'application de fumier en hiver

  • Gérer l'accès du bétail aux cours d'eau

Lorsque le lessivage et le ruissellement sont évités, la plupart des antimicrobiens présents dans l’environnement finiront par se dégrader et/ou seront absorbés et retenus dans le sol et les particules d’argile5, ce qui réduira finalement l’impact que les antimicrobiens pourraient avoir dans l’environnement au sens large.